Pour cela, la Coalition Climat, que représente Rebecca Thissen, plaide pour la mise sur pied d’organes de coordination : "Il existe une Commission nationale climat mais elle est complètement opaque et pas démocratique. Il faut la faire fonctionner mieux. Il faut une Loi spéciale climat qu’on demande depuis longtemps. Et puis, très important, il faut un comité scientifique indépendant qui évalue les mesures avant et après. La politique est assez court-termiste or la transition écologique est un enjeu de long terme. Ces organes qui permettent de monitorer les mesures, de rendre des avis, d’influencer les politiques sur le long terme sont indispensables".
Imaginons qu’on n’ait pas eu les experts pour gérer la crise covid, comment aurait-on fait ? Il faut la même chose pou le climat
"Imaginons qu’on n’ait pas eu les experts pour gérer la crise covid, comment aurait-on fait ?" abonde Olivier Lefebvre qui plaide aussi pour une approche scientifique indépendante des circonstances politiques. "L’échelle de temps est un peu différente mais dans le cas du climat aussi on est dans une urgence. Or, on ne s'équipe pas ni sur le fond, ni sur la méthode pour y faire face".
La finance peut faire bouger les lignes
Quand bien même la Belgique progresserait dans ses efforts pour lutter contre le réchauffement climatique, n’est-elle pas trop petite ? Ne sera-t-elle pas rattrapée par les lobbys et les enjeux économiques mondiaux ? A cet égard, pour Oliver Lefebvre, qui connaît bien le monde de la finance, les lignes sont en train de bouger : "Certains fonds d’investissement deviennent plus rigoureux dans leur approche du problème climatique. Les régulateurs travaillent à sortir du green washing des "investissements durables", ce n’est pas parfait mais ça va dans la bonne direction. Les entreprises, cotées en bourse notamment, sont obligées d’informer en matière de durabilité, ça a un effet en cascade sur leurs fournisseurs. Et puis, dans le secteur bancaire, la Banque Centrale Européenne exige désormais des banques d’évaluer le risque climatique dans leur portefeuille de crédits ou d’investissement. Les seront donc obligées d’avoir des fonds propres différents en fonction selon les types que risques qu’elles accepteront de financer. Et ça c’est important parce que c’est susceptible de faire bouger de grosses masses d’investissements ou de crédits des secteurs polluants vers des secteurs verts".
c’est susceptible de faire bouger de grosses masses d’investissements ou de crédits des secteurs polluants vers des secteurs verts
Pour Rebecca Thissen, effectivement, ces dernières années, on change de paradigme en la matière : "On est passé de discuter sur "est-ce que la neutralité carbone est un objectif valable ?" à "comment on l’atteint ?". Il n’y a pas de consensus sur la méthode mais aujourd’hui au moins on est tous d’accord sur la direction vers laquelle on doit aller".
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