Monde Amérique du Sud

Colombie : au moins 28 agressions sexuelles commises par des policiers lors des manifestations du printemps 2021

Agnès Callamard , secrétaire générale d'Amnesty International, fait un geste lors d'un point de presse sur les violences sexuelles et sexistes perpétrées par la police lors des manifestations de la grève nationale de 2021, à Bogota, le 1er décembre 2022.

© AFP

Au moins 28 personnes ont été agressées sexuellement en Colombie par des policiers lors des manifestations antigouvernementales du printemps 2021, avec un "schéma généralisé" de violence d'Etat, a accusé Amnesty International (AI) dans un rapport publié jeudi.

Dans ce document de 68 pages, l'ONG a documenté 28 cas parmi les "centaines de plaintes" reçues pour "violence psychologique, menaces de violence sexuelle, violence fondée sur les préjugés à l'encontre des personnes LGBTI, attouchements et harcèlement sexuels, nudité forcée, discrimination fondée sur le sexe, torture et viol". 

 

"Violence d'Etat"

Ces plaintes concerneraient des cas survenus entre le 28 avril et le 30 juin 2021, alors que se déroulaient d'imposantes manifestations populaires contre le gouvernement conservateur du président sortant Ivan Duque (2018-2022).

Des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour rejeter un projet de hausse des impôts, finalement abandonné face à la pression populaire.

"La violence d'Etat à laquelle a été confrontée la population qui manifestait pacifiquement pour réclamer et exiger l'exercice des droits humains et l'obligation de rendre des comptes s'inscrivait dans un schéma généralisé contre la population", a accusé Erika Guevara, directrice d'AI pour les Amériques, lors de la présentation du rapport à Bogota.

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, à Bogota, le 1e décembre

Intitulé "La police ne s'occupe pas de moi: violences sexuelles et autres violences fondées sur le genre dans la grève nationale de 2021", ce rapport relate les témoignages des victimes et dénonce "des taux élevés d'impunité" pour les responsables de ces violences.

La violence dans la rue s'est ensuite traduite par une violence dans le système judiciaire

"Il n'y a pas une seule condamnation pénale pour violence sexuelle pendant ces manifestations", a fustigé Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, estimant que "la violence dans la rue s'est ensuite traduite par une violence dans le système judiciaire".

Impunité

Cette explosion sociale sans précédent, menée par des jeunes, a été très durement réprimée par les forces de l'ordre colombiennes. L'Onu a recensé au moins 46 morts, et estimé que les forces de sécurité s'étaient rendues coupables de "graves violations" des droits de l'Homme.

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Archives : JT du 05/05/2021

Colombie : Répression disproportionnée des manifestations

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