Colombie : l'État reconnu responsable du calvaire d'une journaliste violée et torturée

© ADALBERTO ROQUE

La Cour interaméricaine des droits humains a reconnu lundi la "responsabilité" de l'État colombien dans le calvaire de Jineth Bedoya, une journaliste séquestrée, violée et torturée en 2000 par des paramilitaires.

L'État colombien a été reconnu coupable pour "l'absence d'enquête sur les menaces qu'avait reçu" la journaliste, qui menait des investigations sur un réseau criminel, a indiqué dans un communiqué l'organe judiciaire de l'Organisation des États américains (OEA) dont le siège est à San José, au Costa Rica.

Il s'est rendu coupable de "violation des droits aux garanties judiciaires, à la protection judiciaire et à l'égalité devant la loi en raison du manque de diligence dans l'exécution des enquêtes", selon la Cour, saisie en 2019. Le jugement est définitif.

La Colombie "accepte pleinement la sentence" a réagi le président conservateur Ivan Duque sur Twitter. Mme Bedoya "n'aurait jamais dû être enlevée et torturée" et "le jugement doit nous guider dans les mesures à prendre pour que cela ne se reproduise plus", a-t-il ajouté.

Pression, intimidation et menaces pendant 20 ans

Jineth Bedoya, aujourd'hui âgée de 47 ans, travaillait pour le journal El Espectador quand un groupe de paramilitaires l'avaient enlevée le 25 mai 2000 devant la prison La Modelo à Bogota, puis torturée et violée pendant seize heures, avant de l'abandonner nue au bord d'une route.

Elle enquêtait sur un réseau de trafic d'armes dans cet établissement pénitentiaire lorsqu'elle avait été enlevée. Après l'agression, la pression a continué, Mme Bedoya racontant avoir subi "persécution, intimidation et menaces" durant vingt ans.

 

Les faits "n'ont pu être réalisés sans l'assentiment et la collaboration de l'État, ou du moins avec sa tolérance", a estimé lundi la Cour, enjoignant les autorités colombiennes de "punir les responsables restants".

"Le 18 octobre 2021 entre dans l'histoire comme le jour où une lutte, qui a commencé par un crime individuel, a porté la revendication des droits de milliers de femmes victimes de violence sexuelle et de femmes journalistes qui laissent une partie de leur vie dans leur travail", a salué sur Twitter Jineth Bedoya, lauréate en 2020 du prix mondial de la liberté de la presse de l'Unesco.

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