Selon les estimations, la colonie pourrait quadrupler d'ici dix ans. "Une chose que la Colombie ne peut pas permettre est que cette espèce se développe sur son territoire", souligne Manuel Rodriguez, ancien ministre colombien de l'environnement (1994-1997).
Bien que le plan des autorités n'ait pas été divulgué, M. Rodriguez a pris part à sa conception. Il explique avoir demandé à l'exécutif d'utiliser "toutes les mesures" pour arrêter l'expansion des mastodontes, "y compris la chasse".
Depuis dix ans, les scientifiques de Cornare, une agence étatique régionale de protection de l'environnement, mènent un programme de stérilisation de ces hippopotames. À ce jour, ils ont réussi à stériliser chirurgicalement une dizaine d'individus et 40 autres avec un médicament.
Mais "tout ce qui concerne les hippopotames est complexe, coûteux et dangereux", résume David Echeverri, responsable de Cornare.
Et malgré leurs efforts pour capturer, endormir et castrer ces animaux pouvant peser jusqu'à presque deux tonnes, leur population continue de croître. "Pour une opération réalisée, dix animaux naissent", déplore M. Echeverri.
Le médicament GonaCon, administré à l'aide de fléchettes, facilite la tâche, mais il reste coûteux (environ 1.000 dollars par individu) et Cornare n'a actuellement plus de doses. "L'abattage reste sur la table. C'est une option nécessaire (...) elle pourrait être la dernière issue pour ne pas laisser le problème s'aggraver", avance ce spécialiste.
L'invasion des hippos dans la région chaude du Magdalena Medio est un problème "sans précédent" et "dangereux", renchérit l'ancien ministre Rodriguez. Il s'agit de la seule espèce invasive de cette taille dans le monde, avertit-il, jugeant que pêcheurs et villageois des alentours sont "en danger". Deux attaques ont été enregistrées à ce jour, qui n'ont heureusement entraîné que des blessures.