Pour Pierre-Alexandre Billiet, expert du secteur de la distribution chez Gondola, chez Colruyt, "les fondamentaux sont remis en question, mais personne n’a l’impression que Colruyt lui-même remet ses fondamentaux en question".
La politique de la garantie du prix le plus bas, où chaque magasin Colruyt s’aligne sur les prix pratiqués par ses voisins concurrents coûte cher à Colruyt, en particulier au nord du pays, où les supermarchés néerlandais ont attaqué en force.
"La libéralisation totale du marché fait en sorte que d’autres distributeurs, dont Albert Heijn et Jumbo, peuvent opérer, à perte à partir de l’étranger", explique Pierre-Alexandre Billiet.
Le fait que ces distributeurs néerlandais vendent à perte en Belgique n’a pas été prouvé, mais des indices le font penser. "Il y a des produits qui sont moins chers en Belgique qu’aux Pays-Bas. C’est totalement illogique et impossible avec le coût de l’emploi etc. en Belgique", relève Pierre-Alexandre Billiet.
Dès lors, avec cette concurrence, Colruyt "est handicapé par la stratégie du prix le plus bas et par le fait de s’aligner", souligne l’expert en marketing qui, au passage, épingle la responsabilité des autorités belges qui, au milieu des années 90, ont libéralisé le secteur de la distribution pour faire baisser les prix.
Tout bénéfice pour le pouvoir d’achat, mais cela a aujourd’hui des conséquences et déstabilise tout le secteur de la distribution belge, Colruyt ne faisant pas exception. "Il n’y a pas que les prix qui baissent, il y a l’emploi qui baisse", explique Pierre-Alexandre Billiet et, "en bout de chaîne alimentaire, les agriculteurs sont en train de crever", poursuit-il.