Voici une comédie burlesque, il y a du Monty Python dans cette '' Fuite du cerveau '', un album concocté par Pierre-Henry Gomont, lauréat du Prix Première du roman graphique en 2019 avec '' Malaterre '', qui était à l’époque son premier livre en solo. '' Fuite du cerveau '' s’inspire de faits réels, mais des faits si improbables qu’on pourrait croire dès le début qu’il s’agit d’une grosse farce.
Le livre commence à la mort d’Albert, savant réputé qui s’éteint dans la nuit du 18 avril 1955, à Princeton, aux Etats-Unis. Son nom de famille ne sera jamais donné, mais tout le monde aura compris, ne fût-ce que par la ressemblance physique, qu’il s’agit d’Albert Einstein. Et figurez-vous que son cerveau a véritablement été volé par l’homme qui a pratiqué son autopsie à la morgue, un certain Thomas Stolz, un modeste anatomopathologiste qui s’était mis en tête de comprendre d’où pouvait avoir surgi le génie du célèbre Prix Nobel.
Incroyable histoire voici comment ce fait historique de départ a été utilisé par l’auteur pour devenir une comédie burlesque :
Dès le début, on est surpris par le ton, très humoristique, et par le dessin d’une fabuleuse énergie. Ça fuse dans tous les sens, ça pulse sous le crayon, ça vous emporte sans crier gare. Bref, on a l’impression d’un auteur en pleine liberté, qui s’autorise tout, jouant ici avec la page, là avec le lettrage, rendant par là même son ouvrage unique en son genre et impossible à transposer en l’état dans une autre forme que la bande dessinée. Mais surtout, la vraie originalité du livre, c’est de ne pas rester dans les rails du réel historique. Très vite, Thomas Stolz a la surprise de voir Albert, tout mort qu’il est, s’adresser à lui. A partir de là, tout est permis. L’absurde et le comique, le fantastique et le poétique.
Ça tient totalement la route sur la longueur !
Le livre fait près de 200 pages en couleur et en grand format, on se régale d’un bout à l’autre. Il faut dire que l’utilisation de la voix off est particulièrement savoureuse, elle est souvent en totale opposition avec ce que montre le dessin. Pierre-Henry Gomont n’est pas seulement un bon scénariste et un bon dialoguiste, il a une plume et un humour qui font mouche. Quant au dessin, certains seront tentés de faire le rapprochement avec un auteur comme Christophe Blain. Il y a une énergie folle dans la manière d’animer ces personnages. Einstein, avec son crâne plat de trépané est particulièrement réussi. Les couleurs sont très narratives, l’auteur utilise régulièrement des silhouettes pour accentuer l’effet humoristique. On en ressort nourri et d’une bonne humeur communicative. Je vous le conseille, en tout cas !
''La fuite du cerveau'' de Pierre-Henry Gomont chez Dargaud