Avant la pause des fêtes, nous partons sur les traces d’une lutteuse pas comme les autres.
Elle s’appelle Guadalupe. Elle a dix-sept ans. Et dès les premières pages de cette intégrale qui réunit des épisodes d’abord parus en fascicules comme les comics américains, on comprend que la vie n’est pas facile pour elle. Guada, surnommée La Loca – La Folle -, est la victime d’un harcèlement comme il en existe beaucoup dans le milieu scolaire aujourd’hui. Mais un jour, il y a l’humiliation de trop, la colère qui sort et les poings, subitement lourds comme des enclumes. Guada est jugée, condamnée, suivie par un psy, recluse chez elle avec un bracelet électronique. Rongeant son frein et sa rage, elle découvre dans le grenier de sa mère le secret de son existence : elle est la fille d’un célèbre lutteur de Lucha Libre, cette discipline apparentée au catch qui se joue au Mexique sous des masques très codifiés.
Et du coup, elle décide de partir sur les traces de son père :
Fille d’El Diablo, Guada se met en effet en tête de devenir l’égale de son père, porté disparu depuis des années. Elle retrouve El Tigre, un ancien lutteur sur le retour et le convainc de la prendre sous son aile. Commence alors un long apprentissage. Un peu à la manière de ''Karate Kid'', Guada va apprendre à se connaître elle-même avant de connaître les meilleures prises. Bientôt rebaptisée La Loba – La Louve -, elle se lance dans une quête initiatique à la fois palpitante et touchante, bien loin des poncifs des livres de baston.
Que retenir, au final, de ces 200 et quelques pages trépidantes ?
Tout d’abord, il faut savoir que ''Loba Loca'' est ce qu’on appelle un spin-off, c’est-à-dire l’amplification d’un personnage appartenant à une autre série. Et cette série, ''Mutafukaz'', est un peu l’axe principal sur lequel s’est construite la maison Ankama, maison qui se partage entre la BD et le jeu vidéo. On est donc dans un univers qui a ses codes – et surtout ses fans. Mais on peut lire ce livre, comme le précédent spin-off, l’excellent ''Puta Madre'', sans connaître la série mère. La violence y est très chorégraphiée. Et ici, elle est constamment désamorcée, soit par l’humour, soit par la lutte de personnages contre leurs propres pulsions. Au final, ''Loba Loca'' est un très bon livre sur la quête identitaire et une critique douce-amère sur tous les travers du monde d’aujourd’hui.
Loba Loca, Run et Guillaume Singelin, chez Ankama