Comics Street : Tananarive

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Par Thierry BELLEFROID

Cette semaine, on vous parle d’un roman graphique dont le titre sonne comme une promesse : Tananarive.

Egalement appelée Antananarivo, Tananarive compte un peu plus d’un million 200.000 habitants, la plus grande ville de Madagascar et donne donc son titre à cette BD dont la couverture est comme une sorte de rébus. On y voit deux hommes d’un âge certain, dont l’un semble cadrer avec l’idée d’un aventurier habitué aux équipées africaines, alors que l’autre a tout d’un papy en gabardine, tout droit sorti de son petit pavillon de banlieue. Pas de décor derrière la vieille guimbarde sur laquelle ils sont appuyés. Une girafe qui s’invite en bord d’image, des flamants roses dans le ciel. Mais à bien y regarder, il y a aussi deux panneaux indicateurs aux noms amputés ; ils laissent deviner des villes qui sont tout sauf malgaches : Dunkerque, Calais et Lille. Tout est dit. De Tananarive, il ne sera question qu’en rêve. Car cette BD n’est pas un road trip sur des pistes en latérite, au milieu d’une nature presque vierge et des lémuriens. C’est une sorte de voyage immobile, au contraire.

Au départ de cette histoire, il y a ce papy appuyé sur la voiture de la couverture, Amédée. Il est notaire à la retraite, pas aventureux pour un sou et vit sous la coupe d’une femme sèche. Le grand plaisir d’Amédée, c’est de traverser la rue et d’aller écouter les récits de Jo, son voisin ancien légionnaire d’Indochine. Mais le jour où Jo est retrouvé mort dans son jardin, Amédée se met en tête de retrouver le fils dont son ami lui avait vaguement parlé. L’ancien notaire se transforme en enquêteur. Pour celui qui était son ami, l’aventurier en charentaise va sortir de chez lui pour la première fois depuis longtemps.

Mark Eacersall et Sylvain Vallée nous proposent un polar décalé, avec un héros perclus de rhumatismes. On pense évidemment à la récente série à succès Les Vieux Fourneaux. Mais ici, la vieillesse est traitée tout différemment. Et ce qui intéresse les auteurs, ce sont les faux-semblants qui attendent leur héros tout au long de sa quête. Car, au final, c’est sur lui qu’Amédée va apprendre le plus de choses en se lançant dans cette affaire.

Sylvain Vallée, dessinateur du best-seller Il était une fois en France ou du plus récent Katanga, a adapté son dessin pour ce premier roman graphique de plus d’une centaine de pages. Il joue de la caricature, approche constamment sa caméra au plus près des visages, scrute les expressions d’Amédée. Mais la réussite tient aussi à la justesse des dialogues. Le projet était au départ taillé pour le cinéma, et on le sent. C’est très bien écrit, très grand public, très fluide et pour autant, ça ne manque ni d’émotion ni de profondeur. Bref, un des très beaux livres de la rentrée.

Des conseils de lecture pour passer du bon temps, un album à la main : Comics Street le mercredi à 13h45, l’actualité BD présentée par Thierry Bellefroid dans Lunch Around The Clock.

"Viens petite fille dans mon Comic strip" chantait Gainsbourg avec autant de fausse innocence que quand il faisait chanter "Annie aime les sucettes" à France Gall. En guise de clin d’œil, Comics Street vous invite, vous les fans de rock, à partager chaque semaine les coups de cœur choisis par Thierry Bellefroid parmi les dizaines de titres qui déboulent en librairie. Perles et pépites à lire en écoutant… Classic 21, bien sûr !

 

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