Belgique

Comité de concertation et monde de la nuit : "Notre faculté d’adaptation n’est plus à prouver", souligne le patron d’une discothèque

Le monde de la nuit est dans l’attente de nouvelles décisions du comité de concertation (illustration).

© BELGA/AFP

Par Kevin Dero sur base de l'interview de Sophie Brems

Un nouveau comité de concertation a démarré ce matin à 8 heures. Il se peut que le monde de la nuit soit à nouveau plongé dans le noir. Marc Susini est patron d’une boîte de nuit, le Doktor Jack, à Braine-l’Alleud. Quelle est la réaction ce matin dans le milieu nocturne, qui était le dernier à pouvoir rouvrir et sera peut-être le premier à devoir refermer ?


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Extrait de Matin Première de ce vendredi :

Une fin d’année déjà anticipée…

Celui-ci tient d’abord à relativiser, et il pense aux personnes victimes des inondations de juillet dernier. "En ce qui concerne la nuit, nous étions déjà quelques-uns, au mois de septembre, à émettre certains doutes sur l’opportunité du timing du relâchement. On avait dit que c’était très bien de nous laisser rouvrir, mais merci de ne pas nous refermer. Donc, rouvrir les boîtes de nuit en octobre pratiquement sans barrières, sans garde-fou, je considère que c’était un peu léger – parce que le mois d’octobre est juste avant les pics de contamination de l’hiver-. On doit probablement revoir la copie. Je considère que nous étions relativement rodés pour ce qui se passait en été. Si on nous remet dans la configuration de cet été, ça devrait pouvoir fonctionner" explique Marc Susini.


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Les fêtes de fin d’année, elles, sont en ce moment en pleine préparation : "Nous avions repris tout notre personnel" détaille le patron de la discothèque. "C’est-à-dire les graphistes, les infographistes et toutes les personnes qui sont en charge d’organiser toutes les différentes activités qu’il y a tous les week-ends, on a des concerts live aussi tous les vendredis dans un autre établissement, qui sont déjà programmés et qui sont déjà prépayés".

Si on nous remet dans la configuration de cet été, ça devrait pouvoir fonctionner

Qu’est-ce que vous allez faire si vous allez devoir fermer ? Est-ce que vous allez pouvoir tenir encore comme ça ? demande Sophie Brems dans "Matin Première". "On a eu la chance de pouvoir rouvrir, en tout cas en partie lors du premier déconfinement, une partie des activités, donc je dirais qu’on est les moins à plaindre" Selon lui, l’été a bien fonctionné et la réouverture a été "exceptionnelle". "Les gens avaient tellement envie de sortir qu’on a battu tous les records. J’ai battu tous les records de fréquentation et de chiffre depuis qu’on a rouvert. C’était très court évidemment, mais on a pu malgré tout remettre un peu de réserves sur les comptes". Il y eut aussi la baisse de la TVA sur l’Horeca… "Je ne pense pas qu’on va devoir refermer complètement" prédit le gérant. Je ne pense pas qu’on aura devant nous un lockdown complet. On verra, on verra, mais je ne crois pas.


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Reportage JT du 21 novembre :

Nouvelles habitudes

Mais pourtant, le Covid Safe Ticket, plus les tests, plus le masque, que les experts demandent de remettre, ajouté à la réintroduction de la distanciation physique, tout ça ne fonctionne pas pour le monde de la nuit ? Marc Susini répond par la négative : "Pour le monde de la nuit tel qu’il est, dans son ADN, non, ça ne fonctionne pas. Mais on s’est adapté. La clientèle s’est adaptée. Pendant tout l’été, les gens étaient assis à leur table, on ne pouvait pas aller se servir au bar…"


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Des nouvelles mesures très respectées, selon le professionnel. Du moins au début… "On a un "Monsieur Covid" qui tourne dans toute la boîte et qui dit de mettre le masque si on se déplace… En général, ça s’est très bien passé. Ça s’est super bien passé parce que c’était la condition sine qua non pour sortir, et ils les gens l’ont fait. Ça s’est relâché au mois de septembre quand on leur a dit qu’ils pouvaient se servir au bar. Là, ça a évidemment été un peu plus compliqué à gérer…"

Naïvement, je croyais qu’en demandant le CST plus un test, nous étions les endroits les plus safe de Belgique…

 

Reportage sur le CST dans les restaurants (JT du 25 novembre)

Des aides pas assez proportionnées

Marc Susini ne s’avoue pas inquiet outre mesure sur l’éventuelle refermeture de son établissement brainois. Mais celui-ci se dit peut-être un peu privilégié par rapport à d’autres : "On est rodés. C’est déjà la troisième fois. On a plusieurs activités Horeca, on n’est pas à 100% discothèque, donc la façon de penser est peut-être différente de quelqu’un qui ne vit que de la discothèque. J’ai ma cousine à Tournai qui, elle, a dû fermer pendant 18 mois, elle n’a pas pu rouvrir entre les deux…" Il fait quand même part de son étonnement : "Naïvement, je croyais qu’en demandant le CST plus un test, nous étions les endroits les plus safe de Belgique…"


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Revivre un lockdown complet serait un coup dur, en tout cas. "Pour beaucoup, ça va être très compliqué. Ce n’est pas ce mois et demi d’ouverture qui a pu vraiment, pour la plupart des discothèques, remettre suffisamment de réserves. Mais je sens que la solidarité qu’on nous demande, qu’on exige parfois de nous, est un peu exagérée, dans le sens où on ne reçoit pas de solidarité en retour. Nous avons eu très peu d’aides, ou en tout cas pas d’aides proportionnées. Ça, c’est clair. Mais notre faculté d’adaptation n’est plus à prouver, je crois. On fait ce qu’il faut faire, on a le sens de la responsabilité et la plupart des discothèques, et je dirais même la très grande majorité des discothèques, sont tenues par des professionnels et des gens qui ont ce sens de la responsabilité, bien entendu", explicite le gérant.

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