On le sait aujourd’hui : la qualité de la relation entre un patient et son médecin est fondamentale pour optimiser les chances de réussite d’un traitement. Pendant longtemps, lorsqu’un malade se présentait devant un médecin, la situation de fragilité du premier par rapport au statut de sauveur du second entrainait souvent une relation de dépendance, et donc de pouvoir. Heureusement, ce rapport a peu à peu évolué au cours des dernières années et le patient participe de plus en plus aux choix thérapeutiques : c’est un progrès indéniable. Pourtant, ce sentiment de maitriser sa trajectoire de soins peut parfois s’apparenter à une illusion…
La psychologie, un paramètre essentiel de la trajectoire de soins
Nous l’avons tous expérimenté un jour : malade, on prend rendez-vous chez le médecin et, à peine arrivé dans son cabinet, nos symptômes disparaissent comme par miracle ! Cela fait partie de l’effet placebo : il s’explique par la confiance que nous plaçons dans le médecin qui est en face de nous et dont la blouse blanche fait inconsciemment autorité.
Heureusement, de plus en plus de médecins prennent désormais en compte l’aspect psychologique dans le suivi de leurs patients, absolument essentiel. De nombreuses études montrent en effet comment un bon mental favorisera une meilleure réponse à toute une série de traitements, notamment dans le cas de maladies graves comme le cancer.
Le sentiment de maitrise sur sa maladie aiderait à mieux guérir
Parmi ces études, une expérience menée aux États-Unis montre même comment la simple impression de maitriser sa trajectoire thérapeutique peut avoir un véritable impact sur la réponse aux soins, même quand elle n’est en réalité qu’une illusion…
De quoi s’agit-il exactement ? Des chercheurs se sont intéressés à un ensemble de patients qui souffraient exactement du même type de cancer. Ils les ont séparés en deux groupes : A et B. Aux patients du groupe A, ils ont proposé une chimiothérapie et, en parallèle, la prise d’un médicament contre les nausées pour mieux supporter le traitement. Aux patients du groupe B, ils ont proposé exactement la même chimiothérapie, mais contrairement au groupe A, ils leur ont laissé la possibilité de choisir entre trois molécules anti-nausées différentes, qui présentaient toutes la même efficacité.
Les patients du groupe A et du groupe B ont-ils réagi différemment à la chimiothérapie ? Après un suivi sur le long terme, les chercheurs ont effectivement constaté que les patients du groupe B, qui avaient eu le " choix " du traitement anti-nauséeux, étaient significativement en meilleure santé que les patients du groupe A : ils semblaient réellement mieux répondre à la chimiothérapie. Par ailleurs il apparaissait que leur niveau de stress était nettement plus bas. Tout cela alors que, pour rappel, le traitement de fond était pareil et les molécules anti-nausées parfaitement équivalentes.
Quelle leçon retenir de cette expérience ? Elle nous montre qu’au fond, peu importe que la possibilité d’influer sur son propre parcours de soins soit réelle ou fictive : le patient va bel et bien augmenter ses chances de guérison s’il a l’impression d’être un participant actif au combat, au lieu de se cantonner à un rôle de spectateur impuissant.
Ce sentiment de maîtrise, procuré par la confiance en un corps médical qui prend ses inquiétudes en compte, lui apportera une force complémentaire non négligeable pour lutter contre sa maladie.
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