Ils sont une dizaine, voire une douzaine, des psychologues, des logopèdes, des psychiatres, qui procèdent gratuitement à des "bilantages" de troubles autistiques aux polycliniques Brull. Ils en réalisent cent cinquante, annuellement. Ils reçoivent les patients à deux. Ils procèdent à un diagnostic fonctionnel, c’est-à-dire qu’ils ne se contentent pas de coller une étiquette sur une pathologie : ils tentent de définir des mesures globales d’accompagnement. Ils ne s’occupent pas de rééducation, mais ils constituent une étape cruciale pour une prise en charge. Le problème, c’est que les listes d’attente s’allongent. Deux ans de délai, par exemple, pour des enfants avant l’adolescence, alors que c’est l’âge où des décisions importantes doivent être prises pour la scolarité, notamment. Parmi les causes de cet encombrement, la multiplication des demandes d’adultes. Ils doivent, eux, attendre plus de dix ans, parfois beaucoup plus, pour un rendez-vous.
Enfants ou adultes, les demandes sont en croissance
C’est évidemment absurde. Il y a peut-être un "effet de mode" qui incite à tenter de médicaliser les difficultés relationnelles, les sociabilités défaillantes, les souffrances mentales de manière générale. Mais personne n’en parle ouvertement. C’est que, parmi les gens qui se présentent, certains nécessitent vraiment un encadrement. Et que la cause principale de cette situation est sans doute ailleurs.
Une fermeture, un exclusion, un abandon
Le centre du Sart-Tilman est en effet le dernier, pour la partie francophone du pays, à s’occuper d’adultes. Tous les autres ont renoncé, pour se consacrer aux plus jeunes, pour lesquels l’urgence apparaît.. plus urgente. Les gestionnaires liégeois réfléchissent à leur tour, à redéfinir leurs priorités, à se recentrer. Avant même que des décisions soient prises, une lettre ouverte d’abord, une pétition ensuite, ont dénoncé ce qui est qualifié de "fermeture" d’abandon d’une partie de la population.
Une enveloppe fermée, qui dépend du ministère fédéral de la santé
Mais les solutions ne sont pas faciles à trouver. Inviter les patients à se tourner vers des praticiens privés ? Mais ça représente un surcoût parfois non négligeable. Renforcer l’équipe ? Mais elle fonctionne dans le cadre d’une convention pour les remboursements par les mutuelles, d’une enveloppe fermée, et l’élargir dépend du ministère fédéral de la santé. Ouvrir d’autres centres du même genre, ailleurs ? Le gouvernement wallon vient d’octroyer des subsides pour deux implantations, namuroise et luxembourgeoise, mais ça ne concerne toujours que l’accueil d’enfants, pour lesquels les demandes sont en croissance, et il n’est pas certain que ça suffise à réduire fortement la surcharge que connait le centre du CHU.
L’arbitrage entre ces contraintes multiples et diverses semble particulièrement délicat. Il est en tout cas très mal vécu par les mouvements associatifs de l’autisme.