Telle est la question !

Comment est né le solfège et qui est Guido d'Arezzo ?

Portrait de Guido d’Arezzo

© DE AGOSTINI PICTURE LIBRARY / De Agostini via Getty Images

C’est un passage obligé pour tous ceux qui veulent apprendre la musique et jouer d’un instrument… Mais comment est né le solfège, cette méthode d’apprentissage conçue pour étayer la pratique de l’instrument ? Telle est la question à laquelle Clément Holvoet entend répondre dans sa chronique.

Le mot solfège provient du mot italien Solfeggio, un dérivé des noms de deux notes de musique : sol et fa. Ce terme désigne une méthode d'apprentissage de la musique et notamment de son système de notation. 

La main d'Arezzo

Cette appellation date du Moyen-Âge. C’est un moine bénédictin italien du XIe siècle, Guido d’Arezzo, qui inventa le système de notation que nous connaissons aujourd’hui et qui est à l’origine de cette discipline du solfège. D’Arezzo a mis au point cette méthode pour aider les autres moines bénédictins de sa communauté à apprendre le chant.

Bien entendu, la musique est bien plus ancienne que ce système, on doit remonter jusqu’en Grèce antique, trois siècles avant notre ère, pour approcher la première notation musicale.

Dans la méthode de Guido d’Arezzo, on associait les lettres de l’alphabet aux sons, et on plaçait ces lettres au-dessus d’un chant en suivant la hauteur des sons en question. Cette méthode de lettres a été conservée dans les pays anglo-saxons, et c’est encore la méthode utilisée dans le jazz, par exemple, pour désigner les accords : A étant le la, C étant le do, etc.

La main guidonienne, ou main harmonique, représente de manière visuelle ce système de notation théorisé par Guido d’Arezzo.

On doit aussi aux Grecs des traités rythmiques très élaborés et d’un système de gammes, lui aussi utilisé dans le jazz, notamment.

Ce système des notes mis au point par Guido d’Arezzo a évolué tout au long du Moyen-Âge pour devenir progressivement celui qu’on utilise en Europe majoritairement. Certains pays d’Asie et d’Amérique Latine l’utilisent aussi mais c’est plutôt l’exception, ou alors ils l’utilisent couplé au système anglo-saxon.

Guido d’Arezzo a imaginé ce système du nom des notes (ut, ré, mi, etc.) à partir d’un poème grégorien dont il a retenu les premières syllabes de chaque vers. On lui doit aussi la fameuse portée de notes, qui était pour lui à 4 lignes, elle permet d’écrire les notes par rapport à leur hauteur. Le système des 5 lignes que nous connaissons aujourd’hui a été établi environ 200 ans après d’Arezzo.

Le solfège occidental, qui est un système très précis de notation, se limite aux demi-tons, les fameuses 12 notes de la gamme chromatique. Mais en Afrique, en Asie (dans les musiques arabes, turques, indiennes ou des Balkans), la musique contient des quarts de ton. C’est-à-dire que l’intervalle entre 2 notes est encore plus subdivisible que nous. Cela ajoute une couleur sonore, un peu inhabituelle à nos oreilles occidentales. Il est impossible de noter ces musiques à l’aide de notre solfège.

Mais dès le XXe siècle, la musique moderne occidentale savante a pu intégrer ces quarts de ton et le solfège traditionnel a dû, dès lors, trouver de nouvelles notations pour inclure ces nouveaux sons.

Aujourd’hui, le terme solfège a été remplacé par celui de Formation Musicale, avec l’idée que "partir de la musique, pour en découvrir le langage et ses techniques, est plus formateur qu’une étude analytique abstraite, élément par élément, desséchante par définition dont l’usage démontre qu’elle tourne souvent le dos au but à atteindre : la connaissance et l’apprentissage de la musique" (Ministère de la culture, FRANCE – texte de la réforme du solfège, 1977).

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