A l’ère des réseaux sociaux, la mobilisation s’organise en ligne. Sur Instagram, on publie les photos des meilleures pancartes de militants ; via Facebook, on est alerté de l’organisation d’un rassemblement pour une cause qui nous tient à cœur ; et puis on utilise le partage de localisation pour retrouver ses potes en manifs. Avec l’évolution des technologies, les réseaux sociaux sont devenus de véritables outils pour communiquer et mobiliser les foules… Les militants l’ont bien compris… Les gouvernements aussi. Le gouvernement iranien a d'ailleurs décidé de s’en servir pour mettre fin au mouvement de contestation en cours.
Que se passe-t-il en Iran ?
Le pays est secoué depuis vendredi, par des manifestations. Alors que le pays est en pleine crise économique, le gouvernement a annoncé une prochaine hausse des prix du pétrole. Une mesure qui frappe de plein fouet la classe moyenne. L’annonce a mis le feu aux poudres. Ce week-end, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues pour demander la fin du régime. Pour stopper ce mouvement de contestation, les autorités ont décidé tout simplement de couper internet dans le pays. Les citoyens n’ont donc pratiquement plus aucun moyen de communiquer depuis samedi.
Quel intérêt a un gouvernement à couper Internet ?
En fait l’Iran n’est pas le premier pays à “débrancher” Internet pour tenter de mettre fin à un mouvement de contestation… L’objectif c’est d’abord d’empêcher les manifestants de s’organiser, de poursuivre les manifestations. C’est aussi de limiter la propagation de fausses informations qui pourraient encore amplifier les violences (ça a déjà été le cas notamment dans la crise au Cachemire où les esprits se sont échauffés après la publication d’une fausse vidéo).
Mais adopter une stratégie aussi radicale, ça permet aussi de limiter les informations qui sortent du pays. Car internet n’a pas de frontières, et les militants contestataires l’utilisent pour dénoncer et montrer la situation sur place au reste du monde, ce qui forcément déplaît fortement aux autorités du pays.
Techniquement, comment un gouvernement peut-il couper Internet ?
Débrancher la prise comme en Iran, c’est facilité dans certains pays où les gouvernements ont créé leur réseau internet national. C’est le cas de l’Iran, mais c’est aussi le cas de Cuba ou l’exemple le plus connu, de la Chine. C’est une sorte d’internet national dans l’internet qui fait que les habitants n’ont pas accès aux mêmes sites et donc pas accès aux mêmes informations que nous. C’est une forme de censure numérique. Ici le gouvernement iranien a donc décidé d’aller un pas plus loin en adaptant cette stratégie radicale de couper tout simplement, l’accès à internet même. Comme le signala le site spécialisé en culture numérique Numerama, un accès internet coupé à ce point, cela veut forcément dire que les autorités se sont coordonnées avec les fournisseurs d’accès à Internet et les opérateurs mobiles. Les entreprises du secteur ont donc forcément accepté de collaborer avec le gouvernement… Que ce soit par choix, ou parce qu’elles y ont été forcées.
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