Comment Justin Trudeau tente de se rattraper après une "erreur commise" auprès d’autochtones du Canada

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau en visite à Kamloops

© AFP or licensors

Tout a commencé par une erreur commise il y a trois semaines par Justin Trudeau. Le 30 septembre dernier, le Canada rendait hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats pour autochtones. Cette journée nationale "de la vérité et de la réconciliation" était la toute première du genre. Elle s’est en effet imposée comme jour férié fédéral après la découverte, en mai dernier, de 215 tombes anonymes d’enfants décédés pendant leur séjour au pensionnat catholique à Kamloops, dans l’ouest du Canada. Une découverte qui a eu l’effet d’une bombe à travers le pays et qui a mené à la découverte, en quelques semaines, de plus d’un millier de tombes anonymes à proximité d’institutions semblables.

Pour les autochtones, Kamloops est ainsi devenu le symbole de ce scandale des pensionnats. C’est pourquoi, il y a trois semaines, lors de cette fameuse première journée nationale, la cheffe de la Première Nation Tk’emlups te Secwépemc de Kamloops a invité le Premier ministre canadien. Et ce, afin de rendre hommage ces enfants disparus et aux survivants des pensionnats. Problème : l’invitation est restée sans réponse…

Justin Trudeau était en vacances

En réalité, ce jour-là, Justin Trudeau en avait profité pour partir en vacances en toute discrétion. Un séjour en famille dans la superbe station balnéaire de Tofino, à 600km de Kamloops, soit pas très loin dans un pays de 10 millions de km². 

Pourquoi prendre des vacances pile à l’occasion de cette toute première journée nationale consacrée (justement !) à la réconciliation avec les peuples autochtones ? La démarche est très mal passée auprès des chefs des Premières Nations. "Une insulte supplémentaire", s’est tout simplement offusquée la communauté autochtone de Kamloops dans une lettre.

La journée nationale de la paix et de la réconciliation coïncide avec la journée du t-shirt orange, en hommage aux enfants disparus dans les pensionnats.
La journée nationale de la paix et de la réconciliation coïncide avec la journée du t-shirt orange, en hommage aux enfants disparus dans les pensionnats. © AFP or licensors

Sous le feu des critiques, Justin Trudeau a reconnu avoir "commis une erreur" et dans une tentative de rattrapage, le Premier ministre canadien est venu rendre visite à la communauté autochtone de Kamloops ce lundi. "J’aurais aimé être ici il y a quelques semaines et je le regrette profondément", a affirmé Justin Trudeau sur place, réaffirmant "l’importance de reconnaître le tort qui a été fait".

Pour le quotidien Le Devoir, cette erreur était une "gaffe fâcheuse" de la part de Justin Trudeau qui, pourtant, " est sans doute le Premier ministre canadien qui a voulu en faire le plus pour la reconnaissance des Premières Nations". Ainsi, rappelle le quotidien, c’est par exemple son gouvernement qui a fait adopter un projet de loi visant à intégrer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples dans le droit canadien. Soit "une avancée majeure", souligne le Devoir.

Avoir accès aux documents

Dans un Canada qui tente de se réconcilier avec les différentes communautés autochtones du pays, la mise en lumière des événements tragiques qui se sont déroulés dans les pensionnats constitue un enjeu majeur. Les communautés autochtones sont en quête de vérité et insistent toujours pour avoir accès à tous les documents que l’Eglise catholique a encore en sa possession. Le gouvernement canadien est en discussion avec l'Eglise à ce sujet. Car si c’est l'Etat qui a envoyé les enfants autochtones dans les pensionnats, ce sont les institutions religieuses catholiques qui s’occupaient de toute leur organisation.

Nous ne les avons jamais revus

Ainsi, entre la fin du XIXe siècle et la fin des années 1990, pas moins de 150.000 enfants inuits, amérindiens ou métis ont été enrôlés de force dans ces institutions. Celles-ci avaient pour objectif de "tuer l’Indien dans l’enfant", soit pratiquer une assimilation contrainte et forcée à la culture dominante.

De nombreux enfants y ont été soumis à des mauvais traitements, à des abus sexuels et certains sont morts ou ont disparu. Le chef autochtone Harvey McLeod, ayant passé lui-même deux ans au pensionnat de Kamloops, avait expliqué en mai dernier : "Nous avons toujours su qu’il se passait quelque chose. Mais nous n’avions pas d’autre preuve que notre propre expérience […] Je savais que des personnes disparaissaient et nous avons toujours pensé qu’elles avaient juste fui quelque part. Mais nous ne les avons jamais revus."

Des paires de chaussure en hommage aux enfants disparus dans les pensionnats.
Des paires de chaussure en hommage aux enfants disparus dans les pensionnats. © AFP or licensors

Sur le même sujet: JT 01/06/2021

Canada : Découverte d un massacre d enfants amérindiens

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