Le 24 décembre 2013, la reine d’Angleterre Elisabeth II, se fend d’une signature au bas d’un document pour le moins inhabituel : il s’agit d’un acte royal de clémence. Elle annonce ainsi réhabiliter un certain Alan Turing, mort en 1954. Son unique faute ? Préférer les hommes aux femmes.
Quand on sait que la grâce royale ne s’est exercée que quatre fois depuis 1945, l’acte n’est pas anodin. Alan Turing, qui avait disparu dans les oubliettes de l’Histoire, ne l’est pas non plus, anodin. On le considère comme l’un des plus grands mathématiciens du 20e siècle. L'histoire britannique ne s’enorgueillit pas vraiment de la condamnation et de la déchéance de l’un de ses plus brillants esprits, pour la simple raison qu’il était homosexuel. Une orientation sexuelle jugée illégale au Royaume-Uni jusqu’en 1967.
Réhabiliter la mémoire d’Alan Turing, c’est d’abord rappeler qu’il est le créateur de l’ordinateur moderne, et aussi un héros de la Deuxième Guerre mondiale, qui a sans doute épargné de très nombreuses vies et raccourci la guerre d’au moins deux années, selon les historiens. L'Heure H tente de comprendre la portée universelle de cet homme introverti, à la rapidité d'esprit fulgurante, issu de la petite bourgeoisie londonienne.
Engagé à Bletchley Park à la fin des années 1930 dans le cadre de l'opération Ultra, Alan Turing réussit là où de nombreux essais d'autres cryptanalystes sont restés vains. En créant la Bombe, une machine cryptologique, il finit par décoder Enigma, machine électromécanique utilisée par l'Allemagne nazie pour transmettre des messages secrets à son commandement, notamment pour ses sous-marins. La Bombe réussit à résoudre les calculs et milliards de combinaisons d'Enigma. Ce podcast raconte l'histoire de ce mathématicien de génie, précurseur de l'algorithme, au destin tragique. Chronique d'un homme qui a dû cacher son homosexualité à sa hiérarchie militaire pour ne pas être viré de sa mission secrète, au risque de faire perdre la guerre aux Alliés.