Consommer moins, mieux, et intégrer la lutte dans un contexte plus large
"Le rapport met le doigt sur trois priorités, commente le climatologue belge Jean-Pascal Van Ypersele. Consommer moins, produire plus proprement et consommer mieux, et intégrer la lutte contre les changements climatiques dans un contexte plus large, pour faciliter la transformation."
"Toutes les connaissances, les technologies sont là, mais aussi, et c'est très important dans ce rapport, les changements sociaux qui sont possibles et nécessaires pour faire face à ce défi. Par exemple, en intégrant la lutte contre le changement climatique dans le cadre du développement durable, ce qui offre énormément de synergie et d'opportunités. C'est un rapport qui montre qu'il est possible de réduire les émissions de GES, d'abord en consommant moins d'énergie, c'est la priorité numéro un. Comment satisfaire les besoins de l'humanité tout en consommant mois d'énergie. L'énergie la plus propre, c'est celle que l'on ne consomme pas, et dans tous les domaines."
"L'autre priorité c'est de sortir des énergies fossiles, et de passer aux énergies plus propres, et les énergies renouvelables de manière massive. Il est possible de satisfaire un pourcentage très élevé de la consommation d'énergie si ces énergies sont intégrées correctement. Le rapport met le doigt sur les progrès immenses qui ont été faits ces dix dernières années."
Le rapport met en lumière le déséquilibre qu'il existe dans l'émission de GES, selon le niveau de vie : ainsi, les ménages des 10% des plus hauts revenus émettent entre 36 à 45% des GES à eux seuls. Les émissions liées au mode de vie des classes moyennes et défavorisées des pays développés sont quant à elles de 5 à 50 fois plus élevées que celles de leurs homologues dans les pays en développement. Un changement de style de vie pour les ménages les plus aisés est donc plus que nécessaire. Les principales actions, au niveau individuel, sont de favoriser les moyens de déplacement électrifiés, la marche et le vélo, ainsi que de réduire sa consommation de viande, pointe le rapport.
Des flux financiers bien insuffisants
Un point de tension dans les discussions autour de la rédaction de ce "résumé des décideurs" a été les flux financiers, considérés comme largement insuffisants par les scientifiques, tout spécialement dans les pays en développement.
Le rapport estime que les financements sont trois à six fois trop faibles par rapport à ce qu'ils devraient être d'ici 2030 pour limiter le réchauffement à moins de 2°C mais qu'il existe "suffisamment de capitaux et de liquidité à l'échelle mondiale pour combler ces écarts d'investissements".
"Lutter contre le changement climatique, ça coûte de l'argent mais ça rapporte aussi, détaille Jean-Pascal Van Ypersele. Le rapport met le doigt sur le fait que le gain que l'on va faire en termes de dommages évités, si l'on finance suffisamment la lutte contre le changement climatique, ce gain va être supérieur à son coût. Un des messages c'est donc 'Qu'est-ce qu'on attend'" ? Que les politiques prennent mieux en compte cette urgence, mais aussi les acteurs économiques, qui ont une responsabilité très importante."
"L'Union européenne dépense en moyenne un milliard d'euros en moyenne, tous les jours, pour acheter de l'énergie fossile en dehors de ses frontières. Qu'est-ce qu'on ne pourrait pas faire avec cet argent-là ?"