A partir du mois d’avril, les mesures de confinement commencent à être assouplies. Des millions de personnes sont testées, à Wuhan (tous les habitants) et dans le reste de la Chine. Première ville au monde à être mise en quarantaine pour cause de coronavirus, Wuhan est coupée du monde pendant 76 jours au total. Sur tout le territoire chinois, 92.336 cas de contaminations au coronavirus ont été rapportés à la date du 11 novembre, et 4749 décès. Officiellement, près de 3900 personnes sont décédées à Wuhan, ce qui représente 82% de tous les morts recensés dans l’ensemble du pays.
Le rôle des autorités
Les autorités chinoises ont été soupçonnées de vouloir minimiser l’étendue de l’épidémie dans ce pays. Aux Etats-Unis, des médias pointaient la lenteur avec laquelle la Chine a commencé à communiquer au sujet de ce que le président américain Donald Trump appelle "le virus chinois". Toujours est-il que la stratégie chinoise semble porter ses fruits. Elle a été analysée par le professeur Gregory Poland, qui dirige le département de recherche sur les vaccins à la clinique Mayo (à Rochester, Minnesota), dans une interview à la revue The Lancet. Selon lui, si la Chine a réussi à maîtriser la pandémie, c’est principalement grâce à deux facteurs : d’une part la rapidité de sa réaction et d’autre part une culture de l’engagement en faveur du bien commun.
Le 10 janvier 2020, les autorités chinoises publient la séquence du génome du virus. A partir de ce moment, une série de mesures sont rapidement mises en place. Comme décrit plus haut, Wuhan est mise en isolement dès le 22 janvier. La zone de quarantaine est élargie à la province de Hubei dès le 25 janvier. Des mesures de confinement sont ensuite prises dans d’autres villes chinoises. Les déplacements sont contrôlés via 14.000 check-points établis sur les routes, dans les gares et aux points de croisement des transports publics.
En quelques semaines, 9 millions de personnes sont testées dans toute la province. "Un système efficace de recherche de contacts" est alors mis en place à l’échelle du pays entier, explique le professeur Poland. Selon lui, d’autres facteurs ont été cruciaux dans la réponse donnée à la maladie : le fait de pouvoir construire rapidement des hôpitaux temporaires, et de fabriquer massivement des équipements de protection (masques, blouses ou gants).
La gestion centralisée de l’épidémie a aussi aidé. Mais le professeur Poland insiste aussi sur le fait que la population chinoise a très bien respecté les règles sanitaires édictées. "L’engagement en faveur du bien commun est ancré dans la culture, il n’y a pas l’hyper-individualisme qui caractérise certaines parties des Etats-Unis, et qui rend les citoyens résistants au respect des mesures de lutte contre le coronavirus". En Chine, il n’y a pas de mouvement antivaccins ou antiscience, insiste-t-il.
Les atouts de la stratégie chinoise :
- forte adhésion de la population aux mesures sanitaires
- gestion centralisée de l’épidémie
- des millions de personnes testées
- système efficace de recherche de contacts
- construction rapide d’hôpitaux temporaires
- capacité de fabrication des équipements de protection