Comment un enseignant non-vacciné peut contaminer ses élèves, le cas américain analysé et illustré

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Par Sandro Faes Parisi

À cause de la pandémie de coronavirus qui fait de la résistance, la rentrée "normalisée" de cette année 2021 suscite beaucoup d'interrogations. Parmi celles-ci, la vaccination des enseignants, pour leur protection, mais aussi pour celles des élèves. Peu avant septembre, une note allant dans le sens d'un vaccin obligatoire pour les métiers à haut risque avait été remise par le GEMS aux autorités. Pour ces experts, le corps enseignant fait partie de ces professions exposées, à l'instar du personnel soignant, des coiffeurs ou des personnes actives dans l'HoReCa. Une recommandation finalement non suivie lors du comité de concertation.

Or, plusieurs cas d'élèves infectés par leur professeur ont été rapportés chez nous depuis la rentrée. Et la Belgique n'est pas une exception, de nombreux pays se retrouvent face à ce phénomène. Aux Etats-Unis, le CDC, la principale agence de santé publique, a d'ailleurs réalisé une enquête très précise sur le cas d'un enseignant californien non-vacciné et non-masqué ayant infecté plusieurs de ses élèves, masqués eux. 

Le cas californien

Le 25 mai 2021, le département de santé publique du comté de Marin en Californie a été informé par une école primaire que le 23 mai, un enseignant non vacciné avait signalé avoir reçu un résultat de test positif pour le SRAS-CoV-2. Cet enseignant avait assisté à des événements sociaux du 13 au 16 mai, a continué à travailler du 17 au 21 mai tout en ressentant les premiers symptômes le 19 mai, mais a continué à travailler pendant deux jours pensant que cela était lié à une allergie. Il a finalement passé un test de dépistage le 21 mai. Il s'est ensuite auto-isolé jusqu'au 30 mai.

À plusieurs reprises pendant sa présence à l'école l'enseignant a lu à haute voix sans masque malgré les exigences scolaires de se masquer à l'intérieur. À partir du 23 mai, des cas supplémentaires de COVID-19 ont été signalés parmi d'autres membres du personnel, étudiants, parents, frères et sœurs liés à l'école.

Genèse d'une diffusion

Du 23 au 26 mai, parmi les 24 élèves de l'enseignant, 22 élèves, tous non éligibles à la vaccination en raison de leur âge, ont subi un test de dépistage. Douze ont reçu des résultats positifs. Les deux rangées les plus proches du bureau de l'enseignant étaient les plus touchées, 80% des élèves infectés (huit sur dix). Sur les trois dernières rangées il était de 28 % (quatre sur quatorze). Du 24 mai au 1er juin, six des 18 élèves d'une autre année à l'école ont été testés positifs, sans doute à cause des interactions entre élèves dans la sphère scolaire et/ou privée. 

Huit cas supplémentaires ont également été identifiés, tous chez les parents et les frères et sœurs des élèves de ces deux années. Trois concernaient des personnes complètement vaccinées. Au total, 27 cas ont été identifiés. Parmi ceux-ci, le séquençage complet du génome a été possible pour 18 d'entre eux, révélant qu'ils avaient tous été infectés par la variante Delta (B.1.617.2). Aucun autre membre du personnel de l'école n'a déclaré être tombé malade. Aucune personne infectée dans cette épidémie n'a été hospitalisée.

Dans cette école, maternelle et primaire, de 205 élèves, 22 membres du personnel sur 24 sont vaccinés. Toutes les salles de classe sont équipées de filtres à air à haute efficacité et les portes et fenêtres étaient laissées ouvertes. Des mesures qui, d'après les experts du CDC ont contribué à freiner la propagation du virus et à limiter ce foyer d'infection.

Rôle des mesures préventives

Si la Belgique n'est pas les Etats-Unis, ni la Californie, les mesures prises afin d'endiguer la propagation du virus dans le cadre scolaire sont fort similaires, que ce soit dans le fondamental ou le secondaire. Et pour l'instant aucune étude similaire n'a été réalisée chez nous afin de comprendre en détail pourquoi et comment les contaminations ont eu lieu.

Dans le cas présenté, il semble clair que deux facteurs ont fortement favorisé la diffusion d'une souche Delta dans cet établissement scolaire. La non-vaccination de l'enseignant, ainsi que le non respect de l'obligation du port du masque. Par contre, les mesures de distanciation (1m80 entre les bancs), de circulation de l'air (filtre à air, portes et fenêtres ouvertes) ainsi que le port du masque semblent avoir freiné le virus.    

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