Economie

Compte d’épargne de base et compte d’épargne "plus ou fidélité" : quel est l’intérêt du consommateur ?

© Getty

Par Anne Poncelet avec Philippe Walkowiak

Ce mercredi, Belfius puis Keytrade, ont annoncé la hausse de leurs taux d’intérêt sur les livrets d’épargne. L’annonce était attendue depuis longtemps par les épargnants qui patientaient pour cette (timide) remontée des taux. On le sait, même si l’épargne diminue, le Belge reste très économe. Quelque 300 milliards dorment en effet sur les comptes des écureuils belges.

Mais pratiquement, les principales grosses banques belges avaient déjà remonté leur taux, sur des comptes d’épargne spécifiques, qui prennent place à côté du compte de base ; des comptes qui proposent depuis quelques mois, des taux (légèrement) supérieurs au taux de l’épargne de base.

Et le consommateur a tout intérêt à jouer entre un compte d’épargne de base et ce nouveau compte "augmenté". Ces comptes portent des noms différents d’une banque à l’autre (Epargne Plus chez BNP, Epargne Tempo chez ING, Cocoon chez bpost bank, Fidelity chez Belfius, Start2Save chez KBC). La plupart mentionnent des montants maximaux d’investissement (un maximum de 100.000 euros pour certains, un maximum de 500 euros par mois pour d’autres), des montants qui restent malgré tout très élevés par rapport au niveau de vie moyen des Belges.

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Le principe de ces comptes, c’est de proposer un intérêt de base plutôt bas mais de mettre l’accent sur la prime de fidélité, et donc d’arriver, en cumulant les deux, à une rémunération de votre argent plus élevée que sur un compte de base.

Dans ce cadre, il s’agit, pour le consommateur, d’avoir une idée claire de ce qu’il compte faire de ses économies à court terme. "Il ne doit pas se laisser séduire par le taux global mis en avant, avertit Test-Achats. La prime de fidélité n’est acquise que si l’argent déposé sur le compte y reste pendant au moins 12 mois. Si on pense avoir besoin de retirer de l’argent à court terme, il vaut mieux opter pour un compte d’épargne avec un taux de base élevé car on risque de perdre la prime de fidélité.

L’idéal est donc de jouer avec les deux types de compte : celui de base, pour une épargne considérée comme un matelas, en cas de d’achats imprévus ou à court terme, l’autre compte pour une réserve de plus longue durée.

Avec ces comptes d’épargnes mieux rémunérés, l’intérêt du client rejoint-il celui de la banque ? Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que cette duplication des comptes d’épargne ne rend pas les choses très lisibles pour le consommateur. "Le client traditionnel a quelques raisons de se plaindre du fait qu’on lui complique un peu la vie, commente Eric Dor, professeur d’économie à l’IESEG, School of Management à Lille. On ne fait pas les choses de manière très transparente, dans le but un peu freiner la possibilité pour le client d’obtenir un meilleur taux."

La gestion de l’énorme épargne des Belges reste un gros point d’attention pour les banques du pays. Une augmentation de 1% des taux d’intérêt sur l’ensemble de l’épargne des Belges coûterait trois milliards d’euros au secteur bancaire belge, les banques n’ont pas manqué le relayer leurs craintes ces dernières semaines.

"Toute la stratégie des grandes banques a été d’essayer d’éviter d’augmenter fortement le taux d’intérêt qu’elles offrent sur l’entièreté de l’encours énorme des comptes d’épargne, complète Eric Dor. Il approche les 300 milliards d’euros. Donc elles ont alors essayé de segmenter les comptes en offrant par exemple des meilleurs taux, pas sur le compte déjà existant, mais sur un nouveau compte. L’intention était de limiter l’impact d’augmentation du coût pour la banque."

Avec ces meilleurs taux proposés sur un compte "à côté" du compte principal, les banques peuvent en outre réduire la concurrence des petites banques en ligne, en favorisant une sorte de mobilité intra bancaire.

Des taux plus élevés à relativiser

La récente hausse des taux reste relative à l’heure actuelle, et tout cas elle est moins élevée que l’inflation. "De toute manière, on est parti encore pour une longue durée de taux d’intérêt réels négatifs, confirme Eric Dor, donc des intérêts nominaux inférieurs à l’inflation et donc de forte perte de pouvoir d’achat des épargnants sur leur épargne sur ces comptes d’épargne réglementés."

Le livret d’épargne, de base ou pas, est-il encore une bonne idée d’investissement ? "Tout dépend les risques que les épargnants sont prêts à prendre, . Toutes les études montrent que, sur une longue période, le rendement des actions est meilleur. Bien sûr, en diversifiant bien son portefeuille. […] Mais par contre, si vous n’êtes pas prêt à prendre un minimum de risque ou si votre horizon de placement est court, vous en êtes réduit à vous mettre sur des placements à revenus fixes.

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