Concours Reine Elisabeth

Concours Reine Elisabeth 2023 Chant : pourquoi l’opéra domine les programmes de la finale ?

Jasmin White lors de la finale du CMIREB 2023

© Thomas Léonard

Par Paula Floch via

Du 1er au 3 juin, les finalistes du Concours Reine Elisabeth 2023 Chant seront à Bozar avec l’Orchestre Symphonique de La Monnaie sous la baguette d’Alain Altinoglu. Airs d’opéra mais aussi lieder, mélodies françaises, russes et anglaises ou encore oratorio forment les programmes libres des candidats. En finale, la prédominance de l’opéra est criante. Pourquoi les candidats font-ils ce choix ?

Finale CMIREB 2023
Finale CMIREB 2023 © Thomas Léonard

Du piano à l’orchestre

Lors de la première soirée de finale, la mezzo-soprano française Floriane Hasler revient sur sa prestation, se réjouissant des couleurs de l’orchestre : "Le son des cors était tellement inspirant, moi qui ne l’avais fait qu’avec piano !". Les jeunes chanteurs n’ont pas souvent l’occasion de chanter leurs airs d’opéra avec un orchestre symphonique. Le plus souvent, le piano remplit ce rôle à lui seul : les couleurs, les différences de timbres et l’ampleur sonore sont réduites à un seul instrument. Cette finale est donc une vraie chance pour ces artistes, qui peuvent enfin interpréter leurs airs d’opéra "en vrai", sans miniaturisation. Le compositeur ayant pensé ces airs pour voix et orchestre symphonique, c’est enfin l’occasion d’interpréter totalement une œuvre, telle qu’elle a été écrite et pensée, sans réduction.

Florianne Hasler, Finale CMIREB 2O23
Florianne Hasler, Finale CMIREB 2O23 © Thomas Léonard

Cette belle opportunité comporte néanmoins un danger. La puissance de l’orchestre demande une ampleur vocale différente, à laquelle les jeunes chanteurs ne sont pas souvent confrontés. "L’énergie était telle qu’il fallait aussi résister" explique la jeune mezzo. Il s’agit alors d’éviter de se faire écraser par la puissance sonore de l’orchestre, d’être entendu sans pousser sur sa voix. Si cela arrivait, la voix semblerait criée et en ressortirait fatiguée, voire abîmée. Pour le jury, c’est l’occasion d’apprécier cette nouvelle vocalité sollicitée par l’orchestre : certains des candidats seront portés et d’autres, emportés.

Anna-Sophie Neher lors de la finale CMIREB 2023
Anna-Sophie Neher lors de la finale CMIREB 2023 © Thomas Léonard

Ces choix opératiques correspondent aussi à la réalité du chanteur lyrique et de sa carrière : "J’ai choisi un programme verdien car je chante du Verdi à l’Opéra de Munich en ce moment !" disait la basse Inho Jeong. Patrick Leterme explique d’ailleurs que les rôles interprétés par cette voix de basse correspondent aussi à des personnages-types que l’on retrouve à l’opéra : le chevalier, le père, le défenseur ou encore le sage. Il s’agit donc pour les jeunes chanteurs de choisir des rôles qui correspondent à leurs vocalités et également à leurs personnalités scéniques, tout en prenant en compte leurs âges: "Pour l'instant, je suis en mesure de chanter un rôle de grand soprano lyrique comme Liu", nous explique la soprano portugaise de trente ans, Silvia Sequeira, car même si sa voix se prédestine à un répertoire plus dramatique, il lui faudra attendre une dizaine d'année avant d'aborder des rôles de cette ampleur sur scène.

Ce sont donc des programmes savamment pensés, construits en adéquation avec la maturité vocale des candidats, souligne Sarah Defrise à propos du répertoire de la jeune mezzo colorature Juliette May. Une question se pose alors: le jury favorisera-t-il des jeunes voix pleine de promesses, ou des artistes déjà avancés dans leurs parcours?

Inho Jeong lors de la finale CMIREB 2023
Inho Jeong lors de la finale CMIREB 2023 © Thomas Léonard

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous