Belgique

Conduite sous influence, quelles sont les conséquences de ce comportement à risque ?

Après son grave accident de la route en Seine-et-Marne le 10 février, l’humoriste Pierre Palmade a été testé positif à la cocaïne et aux médicaments de substitution, a-t-on appris samedi de source policière.

Une enquête pour homicide et blessures involontaires a été ouverte, après la collision de la voiture que conduisait Pierre Palmade avec un deuxième véhicule, qui a fait, outre l’humoriste vedette, trois autres blessés graves, dont une enfant et une femme enceinte qui a perdu son bébé.

Sans préjuger des conclusions de l’enquête, ce drame remet la question de la conduite sous influence sous les projecteurs. Ce comportement à risque, pourtant sévèrement sanctionné, a connu une augmentation impressionnante ces dernières années. Quelles sont les conséquences de la prise de stupéfiants ou d’alcool et que risquent les contrevenants en Belgique ?

Quelques chiffres

Les chiffres provenant de la Police concernant les infractions routières sont interpellants. Entre le premier semestre de 2014 et 2022, les infractions liées à la consommation de stupéfiants sont passées de 2382 à 6488. "Cela a vraiment explosé en quelques années, c’est énorme", affirme Benoît Godart, porte-parole de l’Institut VIAS, référence sur la sécurité routière.

Cette importante augmentation est due à deux facteurs : "C’est surtout le cannabis qui est répandu, car son usage s’est fortement banalisé. Forcément, quand une substance se banalise, son usage au volant se banalise aussi. Il y a aussi plus de contrôles aujourd’hui qu’il y a quelques années grâce aux tests salivaires, tandis qu’il y a quelques années, il fallait absolument faire venir un médecin ou aller aux urgences pour une prise de sang. C’était assez compliqué et fastidieux", explique Benoît Godart.

En ce qui concerne la consommation d’alcool, on observe plutôt une stabilisation des infractions : de 24.361 pour le premier semestre de 2014 à 22.779 en 2022. Toutefois, il est intéressant de noter que les années 2020 et 2021 ont connu une importante diminution des infractions recensées.

On peut formuler l’hypothèse que cette diminution soit liée aux confinements qui ont eu lieu à cette période et donc à un usage de la voiture réduit à ce moment-là.

"En 2021, dans la zone Boraine, il y a eu autant de PV pour drogue au volant que pour l’alcool. Cela démontre que c’est un phénomène qui est de plus en plus important", révèle Benoit Godart.

Drogues et alcool, des effets divers

Selon Antoine Boucher, chargé de communication chez Infor Drogues, les effets varient en fonction des drogues utilisées. Les amphétamines ont plutôt un effet stimulant et euphorique qui va amener le conducteur à surestimer ses capacités, ce qui peut mener à une plus grande prise de risques.

Paradoxalement, la consommation d’amphétamines peut avoir des effets positifs sur l’aptitude à la conduite comme une vigilance accrue, une amélioration de l’attention partagée et de l’interaction verbale. Cependant, ces effets sont limités dans le temps et lors de la phase de descente, les effets négatifs apparaissent : fatigue, concentration diminuée, sentiments d’anxiété et de dépression… Le risque d’avoir un accident de la route avec un conducteur sous l’influence d’amphétamines est cinq à 30 fois plus élevé par rapport à un conducteur sobre.

Les effets de la cocaïne, substance retrouvée dans le sang de Pierre Palmade, sont similaires, mais se font ressentir plus tard et durent plus longtemps que ceux des amphétamines. Le risque d’un accident chez un conducteur sous l’emprise de la cocaïne est deux à dix fois plus élevé que chez un conducteur sobre.

Quant au cannabis, il agit sur l’aptitude à la conduite notamment pendant une heure après la prise. Cette drogue affecte le temps de réaction, l’attention, l’équilibre, la coordination… Les conducteurs qui en ont consommé respectent moins le Code de la route, zigzaguent et ont un temps de réaction plus élevé. Mais le plus dangereux reste de combiner alcool et cannabis, car la consommation combinée de ces substances amplifie leurs effets respectifs.

De son côté, l’alcool a un doublet effet : "Il ralentit les réflexes et d’autre part, il rend le consommateur davantage sûr de lui. Ce n’est évidemment pas la même chose pour tout le monde, mais c’est une tendance générale", explique Antoine Boucher.

Une amende jusqu’à 16.000 euros et une déchéance du droit de conduire

En Belgique, la loi réprime sévèrement l’usage de stupéfiants lors de la conduite. Il est question d’un retrait de permis pendant 15 jours minimum et six mois et demi maximum.

Ensuite, le contrevenant doit comparaître devant le tribunal de police où il risque une amende de 1.600 à 16.000 euros, une déchéance du droit de conduire d’un mois à cinq ans ou définitive et en cas d’infractions entraînant des lésions corporelles, le juge peut également prononcer une peine de prison entre un mois et deux ans.

En cas de récidive, les mêmes conditions s’appliquent. Seule différence, l’amende peut s’élever jusqu’à 40.000 euros…

Pour ce qui est de l’alcool, la sanction varie en fonction de l’alcoolémie, contrairement à l’usage de stupéfiants. Entre 0,5 g/l et 0,8 g/l, une perception immédiate de 179 euros et trois heures d’interdiction de conduite sont de mises.

À partir de 0,8 g/l, l’amende est de 420 euros, ajoutée à une interdiction de conduire de six heures. La sanction culmine quand une personne atteint 1,5 g/l. Le conducteur sera dans ce cas cité devant le tribunal de police, qui pourra infliger une amende de 1.600 à 16.000 euros et un retrait immédiat du permis de conduire pour 15 jours.

De sanctions plus sévères pour les jeunes conducteurs

Attention pour les jeunes conducteurs (permis depuis moins de 2 ans), la sanction est encore plus sévère, car ils sont automatiquement cités devant le tribunal de police et seront condamnés à une déchéance du droit de conduire ainsi qu’à repasser l’examen théorique ou pratique.

Vous l’aurez remarqué, l’usage de stupéfiants est plus sévèrement sanctionné que la consommation d’alcool. Antoine Boucher, toutefois, ne trouve pas judicieux de mettre tous les stupéfiants dans le même panier et regrette qu’une marge de tolérance ne soit pas appliquée comme pour la consommation d’alcool : "Quelle est la logique de ne pas laisser une tolérance pour des produits moins dangereux au volant que l’alcool ? Si la société accepte qu’on puisse conduire sous une certaine influence de l’alcool, par cohérence, il faudrait tolérer une marge identique pour d’autres substances".

Dans tous les cas, si vous devez prendre le volant, pensez donc à anticiper. Restez sur place ou ayez un "Bob", une personne de confiance qui ne boira pas pour vous ramener en toute sécurité.

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