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Conference League : Istanbul Basaksehir, l'adversaire de l'Antwerp lié au président Erdogan

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Adversaire de l'Antwerp dès ce jeudi pour le compte des barrages de Conference League, l'Istanbul Başakşehir est un club atypique et lié à des intérêts politiques. Proche du président turc Recep Tayyip Erdoğan, le club orange et bleu marine, qui compte plusieurs Belgicains dans ses rangs, joue depuis quelques années les trouble-fêtes face aux clubs historiques d'Istanbul.

Istanbul est la place forte du football turc. Depuis la création en 1959 de la Süper Lig, le plus haut échelon national, Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş se sont partagés 55 des 64 titres de champion en jeu. Seuls Trabzonspor (à 7 reprises) et Bursaspor (2009-2010) sont parvenus à éloigner le trophée de la capitale. Lors de la saison 2019-2020, le trophée n'est pas non plus revenu à l'un des trois géants stambouliotes, mais n'a pas quitté Istanbul pour autant. En cause, un club controversé du quartier de Başakşehir, dont c'est seulement la douzième saison dans l'élite turque.

Un rachat en période trouble

Başakşehir est un club jeune. Fondé en 1990, le club accède pour la première fois de son histoire à l'élite en 2007. Depuis, il ne l'a quittée qu'une saison, en 2013-2014. C'est à cette période que le club va voir débarquer de nouveaux acquéreurs assez particuliers : des proches du président Recep Tayyip Erdoğan et de l'AKP, le Parti de la justice et du développement au pouvoir en Turquie depuis 2002.

Recep Tayyip Erdogan, président de la République de Turquie depuis 2014, à Ankara le 22 mars 2022.
Recep Tayyip Erdogan, président de la République de Turquie depuis 2014, à Ankara le 22 mars 2022. © AFP or licensors

Difficile de voir une coïncidence dans l'intérêt de proches du pouvoir turc pour le quatrième club de la capitale. 2013, c'est l'année des évènements de Gezi, une simple manifestation contre un projet immobilier qui s'est rapidement transformée en mouvement global de protestation contre le régime autoritaire d'Erdoğan.

À cette occasion, les supporters de Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş, tous trois issus de quartiers laïcs, se retrouvent une fois n'est pas coutume sous la même bannière, celle de l'opposition à Erdoğan et son gouvernement islamo-conservateur. Des ultras des trois clubs forment même temporairement l'Istanbul United, un mouvement visant à protéger les civils de la police et qui a fait l'objet d'un documentaire du même nom.

Le rachat du club de Başakşehir par des proches d'Erdoğan est donc parfois considéré comme une réponse du président turc, une vitrine du pouvoir appelée à concurrencer les grands clubs historiques dont les fans sont en majorité hostiles au régime en place. Il faut dire que les liens entre le club de Başakşehir et le président sont multiples, ce qui a amené certains détracteurs à affubler le club du surnom de "FC Erdoğan".

Des ponts Basaksehir - Erdogan

Lors de son rachat en 2014, le club initialement nommé Istanbul Büyükşehir Belediyespor se renomme Istanbul Başakşehir, à l'occasion de son déménagement dans le quartier du même nom, en phase avec les idées islamo-conservatrices du régime en place. Là-bas, le club s'installe dans le flambant neuf stade Fatih-Terim, d'une capacité de 17.800 personnes et construit par Kayon Group, un groupe spécialisé dans la construction d'infrastructures... étatiques.

Le 26 juillet 2014, maillot orange du club sur le dos, Erdogan participe même à un match de gala pour l'inauguration du stade. Ancien footballeur semi-professionnel, le président turc inscrit un triplé, et son numéro 12 est retiré par le club.

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Le président du club Göksel Gümüşdağ est lui-même lié à Erdoğan. Sa femme est la nièce par alliance du président turc. Et l'un des principaux sponsors du club est Medipol, un groupe hospitalier privé dirigé par Fahrettin Koca, le ministre turc de la Santé.

Impopularité mais résultats

Magré son rachat et sa remontée dans l'élite, Başakşehir ne parvient pas à attirer une fanbase aussi large que celle de ses rivaux stambouliotes. L'ambiance du stade Fatih-Terim ne rivalise d'ailleurs pas avec la ferveur tant réputée de clubs comme Galatasaray ou Fenerbahçe. Pire, le club est l'un des plus haïs en Turquie.

Sur le plan sportif par contre, la réussite est plutôt au rendez-vous. À l'exception de la saison 2020-2021, le club a toujours fini dans le top 4 de Süper Lig depuis sa remontée, décrochant même son premier titre de champion lors de la saison 2019-2020, ce qui lui avait ouvert les portes de la Ligue des Champions.

Le milieu de terrain Berkay Özcan au duel avec Marquinhos lors du match Basaksehir - Paris-Saint-Germain en poules de la Ligue des Champions, le 28 octobre 2020 à Istanbul.
Le milieu de terrain Berkay Özcan au duel avec Marquinhos lors du match Basaksehir - Paris-Saint-Germain en poules de la Ligue des Champions, le 28 octobre 2020 à Istanbul. © Belga Images

L'année dernière, le club a terminé quatrième du championnat turc, et doit donc emprunter un long chemin pour espérer intégrer la Conference League. Et ce chemin a plutôt bien débuté.

Pour son entrée en lice au deuxième tour préliminaire de la compétition, le club turc a éliminé de justesse les Israéliens du Maccabi Netanya (2-1 au cumulé des deux matches). Et au troisième tour, les champions d'Islande de Breidablik ont été écartés sans encombre (6-1 au cumulé). 

Belgicains et stars

Face à l'Antwerp, plusieurs joueurs pourraient se rappeler au bon souvenir du public belge. Stefano Okaka et Lucas Biglia, passés par Anderlecht, ont participé aux quatre matches européens de Başakşehir cette saison. Le belgo-algérien Ahmed Touba, qui ne s'est jamais imposé au Club de Bruges, a débarqué à Istanbul cet été et pourrait lui aussi participer à la réception des Anversois.

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Le Diable Rouge Nacer Chadli et l'ex-international allemand Mesut Özil, débarqué cet été, font également partie de l'effectif stambouliote, qui depuis le rachat de 2014 s'appuie volontiers sur quelques noms prestigieux dotés d'une grande expérience. Mais ni le Belge ni l'Allemand n'ont disputé la moindre minute en match officiel en ce début de saison.

La double confrontation face à l'Antwerp est le dernier obstacle qui se dresse face aux Turcs sur la route de l'Europe. Mais les Anversois débarquent en pleine confiance à Istanbul, forts de leur 12/12 en ce début de championnat.

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