Une plateforme d’accompagnement psychologique pour les personnes endeuillées et une ligne d’écoute pour les proches des personnes malades ont été créées à Bruxelles par le Centre de Prévention du Suicide.
Des initiatives bien nécessaires dans ce contexte où beaucoup de familles sont endeuillées et dans l’impossibilité de faire leur deuil de manière normale. Les rites ne peuvent pas être respectés, le processus habituel ne peut pas se mettre en place.
Pour Laura Perichon, c’est une nécessité de pouvoir écouter ces familles endeuillées. Elle est psychologue, clinicienne, spécialiste du deuil. Elle est aussi la coordinatrice de ces initiatives Faire face et faire front au Covid 19, au Centre de Prévention du Suicide.
"Cette situation inédite va potentiellement accentuer, exacerber certaines émotions, et entrave les rituels de deuil habituel, avec des conséquences potentielles sur le processus de deuil."
Une expertise bienvenue
Le Centre de Prévention du Suicide dispose d’une cellule d’accompagnement du deuil après suicide, avec des psychologues spécialisés. Avec l’appui de la COCOF, l’idée a été d’utiliser cette expertise dans le cadre des deuils vécus actuellement.
"La prévention du deuil après suicide est quelque chose de très particulier, de très difficile, alors le parallèle ne doit pas être trop vite fait entre un deuil après suicide et le deuil dans le cadre de la pandémie.
Mais nous avons ces connaissances théoriques et cliniques qui nous permettent d’entrer dans de domaine d’une clinique du deuil associée au contexte du confinement et de pandémie. Tout en continuant aussi à être à l’écoute de situations qui sont inédites et sur lesquelles nous n’avons pas encore beaucoup de recul, sur les manières dont les personnes vont effectivement vivre ces moments."
Ces rituels qui manquent
Ce qui est d’office interpellant, c’est l’impossibilité de faire les rituels de deuil habituels, surtout la difficulté de ne pas pouvoir accompagner la fin de vie parce qu’on ne peut pas se rendre au chevet du mourant, de ne pas pouvoir dire au revoir.
Outre l’au revoir, le traitement du corps est un moment important du processus du deuil. "C’est toute cette dimension du corps du défunt, des soins que l’on fait au corps, des gestes que l’on pose autour du corps du défunt, des toilettes mortuaires et autres pratiques qui sont complètement chamboulées. La plupart du temps, elles ne peuvent pas être faites."
Et puis il y a les funérailles elles-mêmes qui sont marquées par un manque de contacts sociaux, par l’absence des proches. Il n’y a pas d’hommage collectif qui peut être rendu au défunt, il n’y a pas ce partage qui se fait autour du défunt au moment des funérailles, alors que ce sont des moments qui sont, dans notre culture, assez bien investis.
"Toutes ces étapes font partie du processus de deuil et ce manque va avoir un impact sur les semaines et les mois après le décès."
Des rites et des pratiques seront peut-être réinventés ; les crises favorisent souvent la créativité.
Concrètement
Le Centre de Prévention du Suicide : www.preventionsuicide.be
Faire face au Covid 19 est cette plateforme de soutien et d’accompagnement pour les personnes endeuillées, qui peut se poursuivre par un suivi psychologique individuel gratuit.
>> Téléphone 0800 20 220 >>
Faire front au Covid 19 est une ligne d’écoute pour les proches des personnes malades ou isolées par la crise, qui ont eux aussi besoin d’être entendus. L’accent est mis sur l’écoute, l’accueil des émotions, la possibilité de créer un lien de quelques minutes avec les écoutants spécialement formés, dans un contexte où l’on est souvent seul face à sa souffrance.
>> Téléphone 0800 20 440 >>