Nouvelle polémique au Fédéral. Cette fois-ci, il est question de possibilité d’octroyer des allocations de chômage aux salariés qui veulent démissionner pour se former à un métier en pénurie. De quoi alimenter le cabinet à disputes.
Radicaal Tegen
Une idée émise par le ministre de l’Économie, le socialiste Pierre-Yves Dermagne. L’idée fâche surtout au Nord. Côté francophone elle rejoint des propositions d’Ecolo et même des idées autrefois défendues avec des modalités un peu différentes par le MR. Mais au Nord donc c’est “compleet van de pot gerukt" (une arnaque selon l’Unizo), "onbegrijpelijk" incompréhensible (CD&V), "de zoveelste onverant woordelijke PS-maatregel" une énième mesure irresponsable du PS (N-VA), et l'Open VLD est "radicaal tegen"
Voilà donc une nouvelle pomme de discorde après la demande du même Dermagne d’une solidarité fédérale pour les inondations qui crispe là aussi le Nord du pays. Et cela vient après une réforme des pensions tout aussi socialiste, jugée une nouvelle fois imbuvable par le Nord du pays et le MR.
Offensive socialiste
Manifestement les socialistes ont décidé de passer à l’offensive. Cette rentrée politique a été planifiée par Paul Magnette pour marquer le terrain, quitte à mettre le Premier ministre en difficulté, et quitte à affaiblir la cohésion du Gouvernement. Un peu comme si le PS se disait qu’il n’y a pas que le MR qui à le droit de jouer sa partition solo et de brusquer le Premier ministre comme il l’a fait durant la crise sanitaire.
Ce pays ne fonctionne pas
Est-ce que c’est le signe que la Vivaldi tourne mal et que ce pays ne fonctionne pas ? Ce n’est pas si simple.
D’abord, c’est une idée profondément ancrée en nous, surtout dans les médias d'ailleurs. Cette idée que ce système fédéral ne fonctionne pas. Nous amplifions ses échecs et minimisons ses réussites. La N-VA l’a bien compris et en fait son fonds de commerce en disant qu’il faut moins de Belgique. Et le PTB l’a bien compris et lance une campagne pour dire qu’il faut plus de Belgique.
Autre idée profondément ancrée en nous, dans la société et surtout dans les médias, c’est que nous adorons pointer les conflits comme résultants de jeux de partis. Et nous adorons nous mettre dans une position supérieure et les dénoncer. "Il faudrait que tous ces gens s’entendent"! Ce faisant, nous produisons une injonction contradictoire. D’une part nous attendons des politiques qu’ils règlent les problèmes, qu’ils fassent tourner la machine. Quasiment comme s’ils étaient des dirigeants de PME.
Mais d'autre part, les dirigeants sont élus (ou soutenu par un Parlement élu) pour représenter des intérêts divergents. Nous attendons qu'ils nous défendent et représentent nos intérêts.
Cette contradiction est consubstantielle de la politique. C’est l’équilibre à trouver entre la conflictualité et l’efficacité qui est en jeu. Cet équilibre, la Vivaldi ne l’a pas encore trouvé.
Équilibre instable
À sa décharge, il est évident que cet équilibre est de plus en plus difficile à trouver au niveau fédéral. Mais ne soyons pas aveugle c’est vrai dans beaucoup de pays. Et ce n’est pas propre à un système politique. Aux États Unis, en France cet équilibre passe par des scrutins majoritaires, en Espagne, en Italie, ou cela passe par des scrutins proportionnels. Et dans ces pays, l’équilibre semble s'éloigner chaque jour un peu plus. Les politologues relèvent de multiples facteurs pour l’expliquer.
Mais dans toutes les démocraties, la maîtrise de cet équilibre entre conflit et efficacité revient surtout au chef de Gouvernement. Alexander De Croo le sait bien. C’est lui qui il y a presque un an disait dans sa déclaration gouvernementale : “Il nous faut rétablir la confiance, pas seulement au sens économique, mais aussi au sens politique. Il faut une politique constructive, de confiance et de respect ". Il est aujourd’hui sous la pression de ses propres paroles et surtout de ses partenaires.
Mais donc, ne nous étonnons pas trop qu’il y ait des conflits, c’est normal. Ce n’est pas sale. La démocratie ne doit pas choisir entre conflit et efficacité. La Vivaldi non plus. La question c’est comment transformer ces conflits en efficacité, en bilan. Jusqu’ici la Vivaldi n'a pas été improductive. Sur la crise sanitaire, sur la mise à disposition des vaccins, sur le soutien à l’économie et au tissu social belge, sur le plan de relance, sur l’accord interprofessionnel. Autant de sujets ou des divergences se sont exprimées, parfois fortement, produisant beaucoup de fumée cachant le bilan du Gouvernement (que l'on peut trouver bon ou mauvais, mais c'est tout de même un bilan). Mais tout ça, ce n'était qu'un apéritif, les sujets les plus clivants, c'est maintenant.