Telle est la question !

Connaissez-vous vraiment Erik Satie ?

Portrait de Erik Satie

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C'est un univers de facéties et de mystères, de loufoquerie et d'élégance dans lequel nous plonge Clément Holvoet dans sa chronique Telle est la question. Mais quelle est cette question ? Connaissez-vous vraiment Erik Satie ?

Le nom de Satie est familier à tous, notamment associé aux douces et nostalgiques Gymnopédies… Et c’est bien justifié car la première occurrence de ce mot sur internet est liée immédiatement à Satie. Le terme "Gymnopédies" vient de Grèce. C'étaient des fêtes religieuses qui se déroulaient à Sparte. L’idée d’écrire ces valses lentes et suspendues est venue à Erik Satie après la lecture de Salammbô de Gustave Flaubert… Et ces Gymnopédies sont devenues son tube absolu, elles sont au nombre de trois et sont d’ailleurs reprises dans les BO d’une vingtaine de films. 

Toujours dans le thème grec, qui parcourt toute l'œuvre de Satie, il y a les célèbres Gnossiennes. Elles sont composées peu après les Gymnopédies, et sont dans ce même esprit suspendu et envoûtant. Il faut dire qu’à l’époque de leur composition, Satie est embarqué dans une recherche personnelle qui frôle la mystique.

Mais l'œuvre de Satie ne se limite pas à cet univers éthéré. La pièce "Le Pique-nique", est issue de son opus intitulé “Sports et divertissements”, est placé sous le signe de l’humour, de l’ironie et du divertissement! Car en réalité, Satie est un personnage inclassable. Longtemps associé au symbolisme, il est en réalité toujours novateur, à l’avant-garde pour certaines choses, et proche de nombreuses personnalités variées comme Picasso et Cocteau puis des dadaïstes comme Francis Picabia et Marcel Duchamp et sera aux prémices du célèbre Groupe des Six, créé en 1920 et composé de Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Georges Auric, Louis Durey et Germaine Tailleferre.

Satie, c’est aussi l’homme qui achète sept fois le même costume en velours, changeant celui-ci quand le précédant est trop élimé. Et quelle ne fut pas la surprise de ses amis, à sa mort, lorsqu’ils purent enfin entrer dans son studio d’Arcueil, car Satie avait interdit l’accès à son studio, et personne ne faisait exception. On y découvre un sacré fatras, deux pianos désaccordés, un grand nombre de partitions, dont certaines inédites et, surtout, une collection de parapluies et de faux cols. En plus, bien évidemment, des fameux costumes de velours. 

Sa volonté était sans doute d’être décalé, de détourner l’attention, pour faire passer son véritable message de manière plus profonde. Comme le disait Vladimir Jankélévitch : "Déjà nous soupçonnons, par les titres burlesques de ses œuvres, que le musicien pourrait bien avoir intérêt à détourner l’attention ; que son propos est non seulement de ne pas s’exprimer, mais d’exprimer autre chose, quelque chose d’insignifiant ou de saugrenu qui sert d’alibi à son vrai message."

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