La police fédérale a mené ce matin environ 200 perquisitions, dont une vingtaine renforcée avec les unités spéciales, visant le crime organisé lors d’une intervention coordonnée au plus haut niveau policier et judiciaire. Dans le viseur, selon nos informations: le réseau de communication composé de cryptophones SKY ECC, parfois appelés téléphones PGP ("Pretty Good Privacy"), très largement utilisés par les milieux du crime organisé. Nous vous faisons découvrir les "dessous" de cette opération.
"Suivez ce dossier ; il y aura des répercussions aussi en Belgique", nous préconise-t-on au début de l’été 2020. La recommandation est vague mais l’affaire est intéressante quoi qu’il advienne : le milieu de la grande criminalité en Europe vient d’être en partie "cramé". Le parasol qui maintenait bon nombre de communications dans le secret s’est envolé car les polices française et néerlandaise ont réussi à infiltrer EncroChat, un réseau d’échanges cryptés via téléphones très largement employé par les malfaiteurs. "C’est comme si nous étions à la table des criminels, en direct", commente alors la patronne de la police néerlandaise. Il est question de trafic de drogue, d’assassinats, de blanchiment d’argent, d’extorsion de fonds, d’enlèvements…
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EncroChat, le dossier référence mené par la France et les Pays-Bas
Dans cette affaire, des millions de messages entre criminels ont été déchiffrés en temps réel. L’anonymat des utilisateurs a été levé. Depuis lors, les saisies de drogues se pèsent en tonnes. Les découvertes d’armes et d’argent liquide issues du crime organisé se succèdent. Des conspirations sont anéanties. Des laboratoires clandestins sont démantelés. Des centaines d’arrestations ont lieu. Une chambre de torture est même découverte aux Pays-Bas. Et ce n’est pas fini. Les données siphonnées lors de cette opération seront encore utilisées durant des années. Un mur technologique s’est effondré, ouvrant une voie royale aux enquêteurs de toute l’Europe.