Droits des femmes
La Pologne est aussi la cible des critiques pour son retard en matière de droits des femmes, notamment à l’avortement, et de définition du féminicide.
Le Parlement européen souhaite une directive pour définir ce type de crime qui s’appuierait sur les normes de la Convention d’Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour éviter les violences sexistes, contesté dans des pays conservateurs comme la Pologne. Le texte voulu par le Parlement a le soutien de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et pointe aussi "la coercition reproductive et le refus de soins sûrs et légaux en cas d’avortement constituent également une forme de violence fondée sur le genre".
Au sein de l’Union, l’avortement n’est permis qu’avec des conditions très restrictives en Pologne et à Chypre et reste illégal à Malte.
La Pologne avait ratifié en 2015 la Convention d’Istanbul. Mais l’an passé, Varsovie a annoncé son intention de se retirer de ce traité, comme la Turquie l’a fait le 1er juillet.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a aussi condamné mi septembre la Pologne pour avoir retiré la garde de ses quatre enfants à une mère qui, après avoir divorcé de son mari, avait entamé une relation avec une autre femme. Les juges européens ont relevé que "l’orientation sexuelle de la requérante et sa relation avec une autre femme ont été constamment au centre des délibérations et omniprésentes à chaque étape de la procédure judiciaire". La Pologne a été condamnée à verser 10.000 euros à la plaignante, au titre du préjudice moral.
Médias sous pression
La liberté de la presse est un autre point de tension. La chaîne de télévision TVN24 critique à l’égard du pouvoir polonais a risqué de ne pas obtenir le renouvellement de sa licence d’émission le mois dernier.
Finalement, la chaîne d’information continue a vu sa concession renouvelée. Elle a failli être réduite au silence à cause d’un projet de loi interdisant aux sociétés n’appartenant pas à l’espace économique européen de détenir une participation majoritaire dans les groupes de médias polonais. TVN appartient au groupe américain Discovery. Pour l’instant, le Sénat a rejeté le projet de loi.
Dans son rapport annuel sur l’État de droit dans l’UE présenté en juillet, la Commission s’inquiète de pressions politiques et de menaces pour l’indépendance des médias dans plusieurs pays dont la Pologne, mais aussi la République tchèque, Malte, la Slovénie, la Bulgarie et la Hongrie.
Les menaces sont là. Reporters Sans Frontières critique la législation proposée, qualifiant TVN de "joyau de la couronne de la démocratie polonaise".
Depuis l’arrivée au pouvoir du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS) en 2015, la Pologne a perdu 46 places dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF, chutant à la 64e position.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a promis pour l’an prochain "une loi sur la liberté des médias".
Charbon et pollution
La Pologne reste avec l’Allemagne et la République tchèque un des pays qui recourent encore beaucoup au charbon pour produire son électricité. Comme l’explique notre article, c’est parce qu’il revient moins cher de payer les droits d’émission de CO2 pour cette énergie bon marché et largement disponible sur leurs territoires nationaux que de se tourner vers le gaz ou des énergies renouvelables. La Pologne est dépendante du charbon pour environ 80% de son électricité et compte quelque 80.000 emplois dans le secteur minier.
Mais cela pollue à tel point que la justice européenne s’en est mêlée. La cour de Justice de l’Union européenne a par exemple ordonné pour ce mois de mai l’arrêt de l’exploitation de la mine de charbon de Turów, ce que le gouvernement polonais a refusé jugeant l’amende de 500.000 euros par jour disproportionnée et injustifiée, la qualifiant de "racket judiciaire".
C’est la République tchèque qui demandait la fin de l’exploitation de cette mine, en service depuis 1904, à cause de son un impact négatif sur l’environnement des régions frontalières, où les habitants se plaignent du bruit, de la poussière et du manque d’eau.