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Construction de murs anti-bruits en Wallonie : "On est aux limites d’un investissement sans limite dans le réseau routier", estime Philippe Henry

Par Garance Fitch Boribon

Fin 2019, le gouvernement wallon adopte son premier plan de lutte contre le bruit routier, notamment grâce à la pose de nouveaux écrans anti-bruits. Rien qu’en Wallonie, environ 740.000 personnes sont impactées par le bruit le long des grands axes routiers. Ce plan a-t-il répondu aux attentes de ces riverains ? Philippe Henry, Ministre wallon de la Mobilite (Ecolo) était l’invité d’Elisabeth Groutars dans le cadre de la séquence "Droit de suite".

 

 

2019 : la Wallonie décide d’agir contre le bruit

 

En 2019, le gouvernement wallon adopte son premier plan de lutte contre le bruit routier.

Il annonce qu’un budget de 23 millions d’euros sera dédié jusqu’en 2026 à la pose de nouveaux écrans anti-bruit et notamment à la réhabilitation d’écrans acoustiques. Il faut dire que, rien qu’en Wallonie, environ 740.000 personnes sont concernées par le bruit le long des grands axes routiers. Ce plan était donc une bonne nouvelle, notamment pour les habitants de Rhisnes, en province de Namur. Ils attendaient depuis des années qu’on leur remplace un mur anti-bruit jugé inefficace.

Seulement à l’heure actuelle aucun mur anti-bruit n’a encore été construit à Rhisnes et les habitants commencent à s’impatienter.

Des travaux prévus pour 2022

 

Si Rhisnes n’a toujours pas de nouveau mur anti-bruits, le ministre rassure de suite : c’est au programme.

"Fin 2019, nous avons fait adopté par le gouvernement un plan d’action et des budgets, ce plan a permis à l’administration de cartographier les routes (..) nous avons une demande au travers de la Wallonie de planifier les travaux prioritaires, donc en l’occurrence ce site de Rhisnes, qui est effectivement identifié comme un site problématique donnera lieu à des travaux l’année prochaine."

Ce sera dans le budget de 23 millions d’euros

qui a été dégagé par le gouvernement.

Pas de solution miracle

 

Ces 23 millions d’euros sont donc répartis en plusieurs chantiers classés par priorité dont Rhisnes fait partie. Des lieux qui nécessitent soit des rénovations ou des constructions explique Philippe Henry. Toutes les autoroutes ne pourront donc pas bénéficier de ce budget : "évidemment on ne sait pas tout faire, car il y a d’autres besoins ailleurs, mais on ne sait pas tout faire en même temps."

Pour le Ministre de la Mobilité, s’il est nécessaire d’aménager certaines routes avec des murs anti-bruits, c’est seulement une des pistes de la solution pour lutter contre le bruit.

En Wallonie, à peu près 70% de la pollution sonore

est liée à la circulation routière.

"Une partie de ce bruit est liée à la motorisation des véhicules et comme on va aller vers des véhicules électriques ça va fortement réduire le bruit. Une grande de partie du bruit est aussi liée au contact entre la voiture et la chaussée. De ce point de vue là, on met aussi progressivement des revêtements insonorisés, mais bien sûr on ne peut pas renouveler tous ces revêtements en une seule fois et de toute façon ce n’est pas solution miracle."

Changer de modèle de mobilité

 

Pour Philippe Henry, la question des murs anti-bruits fait partie d’une problématique globale de la mobilité en Belgique.

S’il ne dément pas l’utilité des murs anti-bruits, il souhaite voir à long terme et plaide pour amorcer un réel basculement dans la mobilité et mise sur des alternatives à la voiture et au camion.

Clairement on est aux limites d’un investissement sans limite dans le réseau routier.

"Pendant plusieurs décennies on a investi de plus en plus de kilomètres de routes, on n’a pas prévu les dispositifs anti-bruits, ça a produit de plus en plus de circulation. On n’a pas assez investi dans les alternatives à la voiture et au camion, avec des transferts de marchandise par le rail par exemple, avec la mobilité douce, pour permettre justement un transfert modal sinon c’est une voie sans issue.

On aura toujours plus de trafic, toujours plus de bruit, toujours plus de coûts d’entretien. En même temps ça produit des embouteillages et de la population."

On doit vraiment basculer dans notre mobilité,

mais forcément ça ne se fait pas du jour au lendemain.

 

La faute aux erreurs du passé ?

Pour le ministre on a clairement trop investi dans une politique de "la voiture" qui montre aujourd'hui ses limites.

" On a été trop loin dans la place de la voiture, on est aujourd’hui dans un problème climatique très difficile à endiguer, un des objectifs c’est clairement le transfert modal de la voiture et du camion et en même temps on va continuer à investir là où le bruit pose problème."

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