Contrefaçon : un tiers des consommateurs européens ont des difficultés à identifier les produits

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Par Patrick Michalle

L’office européen pour la propriété intellectuelle lance une nouvelle campagne de sensibilisation. Il s’appuie sur un constat issu de son étude réalisée en 2020 qui pointait déjà en novembre dernier le manque de conscience chez les plus jeunes des dégâts causés par la contrefaçon. Cette année, il s’agit d’aider les citoyens à distinguer les produits contrefaits. Car il reste visiblement du travail à réaliser si l’on sait qu’en raison de l’augmentation des ventes en ligne, plus de 70% des Européens en ont effectuées en 2020 selon Eurostat, un tiers des personnes interrogées déclarent avoir des difficultés à distinguer un faux produit d’un vrai.

Selon l’étude réalisée un Européen sur 10 déclare avoir acheté sans le vouloir des produits de contrefaçon. Des différences significatives apparaissant entre États membres, les pays connaissant une proportion plus élevée de consommateurs dupés sont la Bulgarie (19%), la Roumanie (16%) et la Hongrie (15%). En revanche, la Suède (2%) et le Danemark (3%) occupent le bas de ce tableau statistique de l’UE. La Belgique se situe légèrement en dessous de la moyenne européenne : 8% des consommateurs belges indiquent qu’ils ont déjà été amenés trompeusement à acheter des produits de contrefaçon.

Le prix proposé est le premier élément qui doit alerter

Articles saisis par les douanes françaises
Articles saisis par les douanes françaises © AFP Valery Hache

Un produit de marque réputé pour sa qualité ne sera jamais vendu en dessous d’un certain prix. La première vérification à opérer est dès lors de vérifier si un élément objectif justifie une différence de prix importante : s’agit-il d’une ancienne collection ? Le produit présente-t-il un défaut de fabrication le rendant invendable pour un client disposé à payer le prix normal ? Sans ces raisons, méfiance ! La probabilité d’être face à un produit de contrefaçon est grande. Une rapide recherche pour déterminer si d’autres vendeurs proposent le même produit dans une gamme de prix plus chers donne déjà une indication sur la vraisemblance de la bonne affaire qu’on pense avoir flairée.

Des détails comme autant de clignotants rouges

DOUANES-SAISIES-CONTREFACON
DOUANES-SAISIES-CONTREFACON © AFP

À côté de faux de pacotille aisément identifiables, il existe des produits de contrefaçon réellement destinés à tromper le consommateur. Ils sont souvent difficiles à détecter car seuls des détails les distinguent des produits authentiques. Il faut avoir le produit à disposition pour les reconnaître car mêmes des photos prétendument "officielles" sur un site internet ne garantissent pas l’arrivée d’un produit "officiel". Pour identifier ces détails une rapide recherche sur internet permet de les connaître auprès des connaisseurs de la marque. Pour certaines catégories de produits, ce sera la finition des coutures, pour d’autres la typographie utilisée ou la découpe du logo. Un seul élément suffit et parfois plusieurs se combinent. La difficulté augmente lorsqu’il s’agit de produits de consommation alimentaire ou de médicaments mais l’emballage est alors souvent une première indication. Il est de toute manière conseillé pour ce type de produits de s’approvisionner dans des points de vente certifiés ou présentant à tout le moins des garanties de fiabilité.

Bannir sites et commerces non professionnels pour les produits neufs

Le professionnalisme du vendeur est en soi une première garantie. Les produits de contrefaçon sont diffusés à de rares exceptions au départ de sites internet commerciaux douteux, des commerces éphémères ou des marchands ambulants. Certains lieux publics sont aussi connus pour être propices à la diffusion de produits contrefaits, il faut les connaître : certaines galeries commerciales ou des "marchés" situés dans les grandes villes possèdent une réputation en la matière.

Sur internet les sites douteux n’ont généralement pas d’adresse postale. Il y a souvent de nombreuses erreurs linguistiques. Si vous ne voyez aucune référence à la garantie et au droit de rétractation de 14 jours, ce n’est pas bon signe. Là aussi, les signaux doivent s’allumer. En cas de doute ? Faites le Webshop Check et consultez le site web officiel de la marque pour connaître les revendeurs agréés. Rendez-vous également sur le site du Centre Européen des consommateurs Belgique pour tout savoir sur la contrefaçon et les conseils pratiques à connaître.

 

Acheter des produits contrefaits sape les bases de notre économie

Produits confisqués par la douane belge
Produits confisqués par la douane belge © Belga Thierry Roge

Chaque année l’équivalent de 121 milliards d’euros de produits contrefaits entre en Europe, c’est un peu plus de 6% des importations européennes. A titre indicatif, cette somme est supérieure au budget européen "Horizon Europe", un programme de financement civil pour la recherche et à l’innovation des sept prochaines années, un programme destiné aux centres de recherche, universités et entreprises de toutes tailles, avec un accent particulier sur ceux qui concluent des partenariats permettant de développer des propositions innovantes et durables.

Aucun secteur n’est épargné : des cosmétiques aux jouets, en passant par le vin et les boissons, l’électronique, les vêtements et même les pesticides. Un préjudice pour les entreprises concernées et ceux qui y travaillent mais aussi une perte importante pour les finances publiques des Etats concernés car ces marchandises circulant en fraude dans le circuit économique ne génèrent aucune taxe. Selon le tableau de bord sur les PME et la propriété intellectuelle publié par l’EUIPO, une PME sur quatre en Europe affirme avoir été victime d’atteintes à la PI, 25,8% de ces atteintes concernent les seules PME belges. Les entreprises détenant des droits de PI (DPI) tels que des marques ou des brevets ont fait état d’une perte de chiffre d’affaires (33%), d’une atteinte à leur réputation (27%) et d’une perte de leur avantage concurrentiel (15%) en raison d’une violation de leurs droits.

Aucune garantie en matière de santé et de sécurité

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Depuis le commencement de la pandémie, l’essor du "e-commerce", n’a fait qu’exacerber l’ampleur de la contrefaçon et du piratage au sein de l’Union Européenne. Ces produits de contrefaçon nuisent à l’économie légale mais sont également un danger potentiel pour la santé des consommateurs. Aucun contrôle n’est opéré lors de la fabrication du produit ni durant son transport.

Les milieux qui organisent la vente de ses produits s’embarrassent peu ou pas des règles sanitaires et des conditions dans lesquelles leurs produits sont stockés et commercialisés. La prise de conscience de la problématique des produits de contrefaçon s’est amplifiée pendant la crise de la Covid-19 avec le constat d’une prolifération de médicaments contrefaits et d’équipements de protection individuelle comme les masques chirurgicaux.

La contrefaçon renforce le pouvoir de la criminalité organisée

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Pour fabriquer les produits de contrefaçon, il faut une logistique et de nombreuses complicités. Ceux qui travaillent dans ces filières ont le plus souvent des liens avec d’autres types d’activités criminelles. Le trafic d’êtres humains est le plus concerné puisqu’il faut disposer d’une main-d’œuvre malléable qui ne s’encombre ni des frontières ni des lois sociales. Chaque achat de contrefaçon est donc un soutien à ces milieux. Le trafic de drogue emprunte souvent les mêmes circuits logistiques que ceux des marchandises contrefaites. Piratage et cybercriminalité font également bon ménage lorsqu’il s’agit de propriété intellectuelle et de vols de données liées aux brevets et aux droits d’auteur.

Vos données personnelles aux mains de gens peu recommandables

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En confiant vos coordonnées personnelles à des faussaires, vous devenez une proie facile pour les escrocs en tout genre qui se procurent ces fichiers à bon prix auprès des personnes qui les ont collectées et n’hésitent pas à les vendre.

Les tentations des vacances, mieux vaut savoir ce qu’on risque

Produits de contrefaçon saisis par les douanes belges
Produits de contrefaçon saisis par les douanes belges © Belga Thierry Roge

Si vous profitez de vos vacances pour ramener des articles à l’origine douteuse, que risquez-vous ? Le site des douanes belges est très bien conçu pour vous expliquer l’ensemble des conséquences en cas de détention de produits contrefaits. Il apporte une série de réponses précises à une série de questions qu’on peut se poser comme les risques encourus.

Et si vous souhaitez approfondir vos connaissances en matière de contrefaçon, un petit passage par le site du SPF Economie vous en apprendra plus sur l’ensemble des matières concernant les "droits de propriété intellectuelle ", depuis les brevets industriels jusqu’au droit d’auteur pour les créations culturelles.

Quand les chinois nous aident à distinguer le vrai et le faux

En matière de produits de contrefaçon la Chine dispose d’une longue expérience. La volonté des consommateurs chinois est désormais d’assainir un marché asiatique à la réputation douteuse car ils deviennent friands de produits de luxe authentiques. Ces produits sont surveillés de près par intermédiaires et acheteurs qui ont désormais les moyens de payer des prix élevés pour disposer de produits authentiques. Pour s’en rendre compte, voir ou revoir cette séquence diffusée sur le JT de la RTBF est utile.

Contrefaçons en Chine : faire la part du vrai et du faux

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