Convulsions, douleurs, longue agonie: l'injection létale aux Etats-Unis, une méthode inhumaine et critiquée

© 2006 Getty Images

L’injection létale, actuellement en vigueur dans les États américains qui appliquent encore la peine de mort, mais aussi ailleurs dans le monde et d’autres pays, comme en Chine, au Guatemala, aux Philippines ou encore en Thaïlande, repose généralement sur une triple injection : premièrement, celle d’un sédatif, ensuite celle d’un agent paralysant, et enfin, une substance qui va causer l’arrêt du cardiaque et la mort.

Aux Etats-Unis, l’injection létale a initialement été proposée en 1888, par un médecin new-yorkais du nom de Julius Mount Bleyer. Elle ne recueille pas une adhésion massive aux Etats-Unis, la pendaison étant encore la méthode privilégiée. Cette méthode a en réalité été mise en place à grande échelle pour la première fois par le régime nazi, pour exécuter des prisonniers durant la Seconde guerre mondiale.

Considérée moins coûteuse, elle va être introduite dans l’Etat américain de l’Oklahoma avec le protocole en trois étapes à partir de 1977, sous l’impulsion du médecin légiste de l’Etat, Jay Chapman. Mais elle fut utilisée pour la première fois le 2 décembre 1982 au Texas, pour exécuter Charles Brooks, condamné pour assassinat en 1976.

Cette méthode est aujourd’hui la plus répandue dans les Etats américains appliquant la peine capitale, avec plus de 88% des exécutions. Certains Etats proposent aux condamnés le choix d’une seconde méthode d’exécution, d’autres conservent une seconde méthode au cas où l’injection serait jugée impraticable ou inconstitutionnelle. Dans ces cas, en majorité, c’est la chaise électrique qui est utilisée.

Une méthode peu cruelle ?

Convulsions, longues agonies de plusieurs heures, vomissements et douleurs insupportables : la méthode d’exécution par injection létale est critiquée depuis plusieurs années, malgré le fait que, dans l’opinion publique américaine, elle soit considérée comme la moins "cruelle". Le cas d’un condamné à mort exécuté en 2014 avait cependant remué le pays : Clayton Lockett avait agonisé à cause d’une injection de "Midazolam", un sédatif qui ne s’est avéré pas assez puissant pour l’endormir et lui éviter une souffrance intolérable pendant plusieurs heures.

Suite à plusieurs accidents graves dans la mise en place de l’injection létale, les recours contre son utilisation se sont multipliés. Les Etats bourreaux ont également aujourd’hui beaucoup de mal à se fournir drogues mortelles adéquates pour leurs injections létales, plusieurs laboratoires européens, mais également états-uniens refusant désormais de les livrer.

Quels Etats américains pratiquent encore la peine capitale ?

Les Etats-Unis n’ont pas ratifié le traité international abolissant la peine de mort. Au niveau fédéral, la peine de mort est appliquée pour des crimes relevant des réglementations du gouvernement fédéral, tels l’espionnage, les crimes de haute trahison, la contrefaçon monétaire etc.

Suite à une décision de la Cour Suprême, un moratoire sur les exécutions fédérales avait été mis en place en 1972. Celui-ci prendra fin en 1988, la peine de mort étant à nouveau autorisée, sous certaines conditions. Récemment, le président américain Joe Biden a annoncé un moratoire sur les exécutions fédérales. Le ministère américain de la Justice a affirmé vouloir imposer ce moratoire sur les exécutions fédérales en dénonçant leur aspect "arbitraire" et discriminatoire, ces dernières touchant plus les personnes racisées. Cette prise de position prend le contrepied des décisions de l’administration Trump, qui, elle, avait autorisé un nombre record d’exécutions.

Au niveau des Etats, 23 d’entre eux ont désormais aboli le recours à la peine capitale, le dernier étant la Virginie. Mais les États fédérés restent ceux qui exécutent le plus de prisonniers. Selon Amnesty International, 17 exécutions capitales ont eu lieu aux Etats-Unis en 2020.

Et d’après les chiffres du Death penalty information center, 185 condamnés à la peine de mort depuis les années 1970 ont été déclarés coupables par erreur. L’ONG américaine a aussi relevé que sur les 1532 personnes exécutées depuis 1976, 20 présentaient des preuves manifestes de leur innocence.

 

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