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Charleroi, un interminable chantier à ciel ouvert. C’est le sentiment de nombreux habitants. Après plus de quinze ans de travaux, certains ne voient plus le bout du tunnel.
Les travaux, une thématique apparemment très inspirante. Une artiste originaire de Nantes s’est emparée du sujet avec une bonne dose de surréalisme (à la belge). Charlotte Burgaud s’est créé un déguisement en forme de cône géant. La mascotte, symbole des travaux, s’appelle CONY.
Entre le bruit assourdissant des pelleteuses, la poussière des gravats, les barrières et les déviations, cet étrange cône géant déambule depuis quelques semaines à Charleroi.
Derrière ce déguisement encombrant orange fluorescent se cache Charlotte Burgaud. L'artiste qui se définit comme designeuse sociale est venue au Vecteur à Charleroi pour un projet artistique. Très vite, la thématique des travaux s’est imposée à elle.
Je me définis comme "designeuse sociale", j’utilise l’art pour investir l’espace public et libérer la parole des habitants.
"Les Carolos ont tous quelque chose à dire sur les travaux. Ils sont globalement très investis dans la manière dont se fait leur ville. Ils râlent un peu parce que ça crée des nuisances en matière de bruit, de poussière et de mobilité mais ils ont tous conscience qu’après les travaux, leur ville sera plus belle", explique Charlotte Burgaud.
"Mais je ressens aussi beaucoup de frustration de la part de certains qui estiment que les décisions se sont prises dans les bureaux des politiques et que la population n’a pas été consultée", ajoute l’artiste.
"L’idée de créer CONY m’est venue pendant mon sommeil", confie l’artiste.
"En créant une mascotte avec des bras, des jambes et un visage humain, ça lui donne un côté enfantin et attachant", poursuit Charlotte Burgaud. "En humanisant ainsi les chantiers de Charleroi, j’aborde un thème qui peut être pénible pour beaucoup de gens de manière ludique. Du coup, ça libère la parole, les gens ont envie de se confier."
Pour moi les travaux, c'est la mort des petits commerçants!
Papou, marchand ambulant
"Les travaux ? C’est la mort des petits commerces", lance Papou, marchand ambulant. Dans son échoppe flanquée du drapeau grec, il l’assure : "tout est fait maison". S’il a du mal à écouler tzatziki, feuilles de vignes farcies et baklava aux noix, c’est selon lui la faute aux travaux. "On a un emplacement à un endroit précis, puis, avec les travaux, on déménage à tel endroit, puis, on redéménage ailleurs avant d’encore re-redéménager. Les clients n’arrivent plus à nous suivre…", s’indigne-t-il.
On va enfin pourvoir être fiers de notre ville!
Mourad, jeune Carolo et fier de l'être
Le jeune Mourad, lui, ne sent pas du tout importuné par les désagréments générés par les travaux. "Moi, les travaux, je ne dis pas non !", dit-il avec confiance et assurance.
"Charleroi, la ville noire ; Charleroi, la ville des barakis ; Charleroi par-ci ; Charleroi par là… Les gens des autres villes parlent, jacquetent, critiquent. Alors qu’en vrai, notre ville a du charme. Moi je l’aime ma ville ! Avec les travaux, Charleroi est en train de s’améliorer. Grâce à tous ces travaux, on va enfin être respectés !", s’épanche Mourad devant la mascotte CONY.
Derrière son déguisement absurde, Charlotte Burgaud est piquée en plein cœur. L’artiste française qui vit à Bruxelles depuis dix ans est touchée par la spontanéité, la sincérité et la convivialité des Carolos. "Je n’ai plus du tout envie de quitter Charleroi", conclut-elle alors que son projet artistique touche à sa fin.
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