Avec ses 11.300 km2, ses 2 millions d’habitants et son économie qui repose largement sur l’agriculture et l’élevage traditionnel, la Gambie ne peut pas vraiment prétendre être une superpuissance en Afrique, et encore moins dans le monde. Pourtant, c’est l’un des pays qui respecte le plus les engagements des Accords de Paris en matière de "décarbonisation" (la réduction des émissions de CO2) pour réduire le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici 2030, selon une étude de l’ONG Climate Action Tracker (CAT), citée par le média Quartz.
Pourtant, l’empreinte de ce pays coincé au milieu du Sénégal, autour du fleuve qui lui donne son nom, est infime : à peine 0,01% des émissions mondiales de CO2 annuelles, selon Our World In Data. Cela n’empêche pas la Gambie d’être, selon CAT, le pays dont les efforts concrets coïncident avec les discours politiques.
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CAT a mis à jour son système de vérification, et constate que, si le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Norvège sont presque à un niveau suffisant de politique de réduction d’émissions (mais pas suffisamment en ce qui concerne la finance climatique), la politique gambienne est elle globalement "compatible" avec l’objectif de réduction du réchauffement de 1,5°C d’ici 2030. A l’inverse, les objectifs de la Chine, de l’Inde ou encore des Etats-Unis (responsables de 14,5% des émissions annuelles de CO2 dans le monde), sont jugés largement insuffisants.
Si la Gambie tire son épingle du jeu, c’est parce que son dernier plan climat, annoncé le 12 septembre dernier, est ambitieux : réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici 2030. Il s’agit principalement d’émissions causées par la culture du riz en rizière, qui devrait être limitée en conséquence, et l’élevage de bétail. Les autres mesures consistent en une réduction du gaspillage alimentaire, des projets de reforestation ou encore le développement de parcs éoliens.
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A contrario, la Gambie a des projets moins "verts", comme la construction d’une plateforme pétrolière offshore. Mais pas de quoi inquiéter les militants écologistes, comme Maria Jose Villafranca, du NewClimate Institute, qui explique à Quartz que "la Gambie a largement de quoi continuer à émettre du CO2. Mais ces émissions vont devoir être compensées par des pays plus développés." A bon entendeur.