COP26 : le financement du climat au cœur des prolongations, selon la ministre Zakia Khattabi

Les négociations sont entrées dans leur dernière ligne droite à la COP26 à Glasgow, censée se terminer ce soir. Mais les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le réchauffement climatique joueront le même scénario que les rendez-vous précédents autrement dit les prolongations. Des prolongations où les pays en voie de développement donnent de la voix pour réclamer le financement promis par les pays développés pour les aider à faire face au dérèglement du thermomètre de la planète, comme l’a expliqué ce matin Zakia Khattabi dans la matinale info de la Première.

La solidarité avec les pays du Sud

La ministre fédérale du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal, Zakia Khattabi (Ecolo) est au cœur des négociations à Glasgow ; elle fait même partie du pool de négociateurs estampillés Union européenne. Sur les prolongations, la ministre fédérale paraphrase une expression souvent entendue en Belgique : il n’y a d’accord sur rien tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout.

"C’est trop tôt pour voir de quoi on va parler dans ces prolongations tant les choses sont imbriquées. Le cœur du sujet, c’est le financement climatique et cette nuit, tout le travail a été concentré sur ce sujet. C’est comme un jeu de domino. Quand ce domino tombera, tout tombera", analyse Zakia Khattabi. La ministre poursuit : "Le cœur, c’est notre solidarité avec les pays du Sud ("lost and dammage", pertes et préjudices). Ces pays n’ont pas la même responsabilité que les nôtres dans le changement climatique mais ils en subissent le plus lourd tribut".


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C’est là que le bât blesse, ces pays du sud ne se contenteront plus de promesses. Ils veulent que les Parties (Etats signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique) mettent réellement la main au portefeuille soit une mobilisation conjointe de 100 milliards de dollars chaque année, entre 2020 et 2025 et une négociation pour l’avenir, après cette date.

Or, comme l’indiquait récemment l’OCDE. L’Organisation pour la coopération et le développement économiques, ce financement était de 80 milliards en 2019. Et l’organisation non gouvernementale Oxfam estime, au regard des engagements actuels, que "les pays riches ne tiendront pas leur promesse et n’atteindront que 93 à 95 milliards de dollars par an d’ici à 2025, cinq ans après la date fixée. Cela signifie que les pays vulnérables pourraient se voir privés de 68 à 75 milliards de dollars au total au cours de cette période de six ans"Bref, l’enjeu est important.

Le partage du fardeau (burden sharing)

La ministre fédérale du Climat a également exprimé sa déception à l’égard de la Flandre qui a fait capoter l’accord intra belge sur la répartition des efforts (Burden Sharing) pour porter la réduction des émissions de gaz à effet de serre à 55% à l’horizon 2030, un objectif intermédiaire avant la neutralité climatique l’Union européenne veut atteindre en 2050.

Le coup de frein donné par la ministre Zuhal Demir au nom de la Région flamande est important puisque la ministre flamande remet même en cause le nouvel objectif de 47% de réduction des émissions à l’horizon 2030, dans les secteurs non-ETS c’est-à-dire en dehors du système d’échange de quotas d’émissions. Il s'agit des secteurs comme le transport, le bâtiment ou l’agriculture. "L’Europe a annoncé qu’elle ne reverrait pas ses objectifs. Si la Flandre était indépendante, elle aurait un objectif plus important encore. Aujourd’hui, l’enjeu, c’est comment on organise entre nous la responsabilité et la solidarité", conclut Zakia Khattabi.

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