Belgique

COP27 à Charm el-Cheikh : les enjeux de la 27e conférence des Nations Unies sur le climat

Khady Camara, présidente du groupe d’activistes environnementaux Vacances Verte, s’adresse à la foule lors d’une marche à Dakar le 29 octobre 2022, au Sénégal, en prévision de la COP27.

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A l’issue de la COP26 l’an dernier, le pacte de Glasqow reconnaissait l’urgence d’agir dans cette "décennie critique". Et comme, nous n’étions plus dans la trajectoire pour limiter à +1,5 °C d’ici à la fin du siècle, chaque pays devait revoir et corriger son plan climat pour réduire davantage encore les émissions de gaz à effet de serre, et le présenter non plus tous les 5 ans mais chaque année.

"Or, à ce jour, seuls 23 pays ont rentré un nouveau plan", prévient Rebecca Thyssen, chargée recherche en justice climatique au CNCD 11-11-11, "dont de gros émetteurs de CO2 comme l’Australie et l’Indonésie mais c’est insuffisant. Un rapport des Nations Unies sorti la semaine dernière, estime qu’avec la trajectoire actuelle, on sera à +2,5 °C d’ici à la fin 2100."

Et pour accélérer collectivement nos actions pour limiter plus vite et plus fort le réchauffement de la planète, il faut prendre des engagements plus élevés. Prendre conscience de l’urgence d’agir, c’est un premier enjeu de cette COP27.

Sortir des énergies fossiles

C’est l’un des rares acquis de la COP26 à Glasgow : la diminution du recours au charbon. La Chine s’est engagée à ne plus construire de nouvelles centrales à charbon à l’étranger. La question des énergies fossiles devrait revenir aussi sur la table. Il faudrait des décisions sur la sortie de ce type d’énergie avec des plans de transition énergétique qui tiennent compte des pays qui en dépendent. Mais aujourd’hui encore, les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) représentent près de 85% du mix énergétique mondial.

Rebecca Thyssen ajoute : "L’Egypte qui accueille la COP est un exportateur de gaz, elle fait partie d’un groupe de pays arabes et elle a clairement annoncé qu’elle voulait classer le gaz comme une énergie de transition. Ce qui est contraire à ce que l’agence internationale de l’énergie a dit, plus de gaz, plus d’énergie fossile pour respecter l’accord de Paris. L’Égypte veut profiter cette grand-messe internationale pour mettre en avant ses intérêts financiers."

Pour de nombreuses ONG, on poursuit encore trop de projets dans les énergies fossiles.

Aider les pays en voie de développement à s’adapter aux changements climatiques

Le deuxième enjeu est le financement des pays en développement. Les pays les plus industrialisés ont promis de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays plus pauvres à s’adapter aux changements climatiques.

"Si on veut atteindre les objectifs climatiques, il faut que tous les pays de la planète prennent des engagements et les respectent. À Paris en 2015, ce n’était pas seulement des engagements pour limiter le réchauffement à 2 °C mais aussi pour mettre sur les rails un fonds vert de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020", explique Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD 11-11-11. "Aujourd'hui, on en est seulement à 83 milliards en comptant large", poursuit-il.

C’est devenu un enjeu majeur des négociations, à la veille de cette COP27, c’est le sujet qui divise les pays participants et qui pourrait conduire à un blocage voire à un échec des négociations. Le secrétaire général du CNCD d’expliciter : "Dans ce fonds vert, il y avait des engagements pour l’atténuation, c’est-à-dire, des investissements dans des technologies vertes moins polluantes et moins émettrices de CO2."

Arnaud Zacharie poursuit : "Ces technologies intéressent énormément les pays riches qui peuvent ainsi investir dans des pays émergents à fort potentiel de croissance comme la Chine ou l’Inde. Des pays occidentaux qui en revanche, freinent des pieds pour aider financièrement des pays pauvres déjà touchés par les impacts du changement climatique à s’adapter alors qu’ils polluent le moins."

Cette fois, ce financement sera mis en priorité sur la table par les pays en voie de développement. Ils vont venir réclamer des dédommagements, des compensations.

Un fonds "Pertes et préjudices"

Le ministre sénégalais de l’environnement vient de demander de créer un autre fonds dédié aux pertes et préjudices pour permettre aux pays les moins industrialisés de faire face à des situations imprévisibles ou extrêmes liées aux changements climatiques. Arnaud Zacharie précise : "C’est un sujet qui revient sur la table. Il n’a jamais été accepté par les pays riches mais les pays en développement insistent".

Pour notre expert, "C’est une sorte d’assurance pour tous ces pays touchés de plein fouet par ces dommages importants et qui n’ont pas les moyens de réparer les dégâts, à l’image des inondations au Pakistan dont 1/3 du pays est sous eau ou de la corne de l’Afrique qui connaît une sécheresse historique. Mais une nouvelle fois, c’est un type de financement climatique pour lequel les pays occidentaux traînent les pieds. Heureusement, cela commence à bouger."

L’Écosse a été la première région, ajoute-t-il, à apporter un financement, mais le gouvernement wallon vient aussi d’acter une démarche pluriannuelle pour pérenniser ce financement. Quant au gouvernement belge, il devrait annoncer à la COP27, un financement pour ce fonds pertes et préjudices de 2,5 millions d’euros.

"En face, de nombreux pays en développement sont en difficulté majeure. Ils pourraient nous dire si vous ne respectez pas votre part du contrat, nous ne le respecterons pas non plus", conclut Arnaud Zacharie.

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