A Bruxelles, l’évolution de l’épidémie est particulièrement scrutée par les autorités. Et après le faible taux de vaccination, c’est au tour des hospitalisations de susciter des inquiétudes. La situation sanitaire pousse en effet certains hôpitaux à demander des transferts de patients. Jusqu’à présent, ces transferts s’organisaient au sein des réseaux. Mais depuis ce lundi, les patients seront répartis tant au nord qu’au sud du pays.
"Pour l’instant, nous comptons 69 patients aux soins intensifs à Bruxelles. Cela ne semble pas beaucoup, mais il s’agit quand même de 38% des patients aux soins intensifs dans le pays", constate Marcel Van der Auwera, chef du département aide médicale urgente au SPF Santé publique.
"Et si on regarde en dehors des soins intensifs, on a 31% des patients covid hospitalisés qui se retrouvent dans des hôpitaux bruxellois."
Un numéro "centralisé" à partir de lundi
La situation est compliquée pour certains hôpitaux bruxellois, qui se trouvent alors contraints à demander des transferts de patients. Pour le moment, ceux-ci sont répartis au sein du réseau hospitalier de l’établissement dans lequel ils sont pris en charge.
Or, "la prise en charge d’un patient covid est très lourde. L’impact pour l’hôpital est lui aussi très lourd. Et donc nous ne pouvons pas savoir que Bruxelles est en train de souffrir et ne pas faire appel à la solidarité des hôpitaux en Flandre et en Wallonie", explique Marcel Van der Auwera. C’est pourquoi, à partir de lundi, les patients seront répartis via un numéro centralisé, tant en Wallonie qu’en Flandre.
Il faut dire que dans le reste du pays, le constat est beaucoup moins préoccupant. "La moyenne en soins intensifs y est de 9%", constate Marcel Van der Auwera.
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"Il est donc temps de faire appel à cette solidarité pour les patients covid mais aussi pour les patients non-covid. Parce que si les patients covid sont en train de reprendre l’entièreté de l’hôpital, les patients non-covid ne reçoivent plus les soins nécessaires non plus."
Un constat partagé par Charlotte Martin, infectiologue au CHU Saint-Pierre. "Quand on regarde de plus près les chiffres à Bruxelles, il y a certains hôpitaux qui sont à 2/3 d’occupation de leurs lits de soins intensifs, ce qui veut dire aussi que bientôt on ne pourra plus assurer les soins des autres patients", remarque-t-elle. "C’est aussi pour cela que l’on demande des transferts."
Et Saint-Pierre n’est pas le seul dans le cas : l’UZ Brussel, l’hôpital Brugmann ou les hôpitaux du groupe Iris Sud ont également demandé des transferts.
Le manque de personnel
A noter qu’au CHU Saint-Pierre, dans le centre de Bruxelles, ce n’est pas tant le nombre de patients qui pose problème. Les unités covid n’y sont pour l’instant pas saturées. En effet, seule la moitié des lits de soins intensifs sont occupés par des patients atteints du coronavirus. Mais ici, l’on fait face à un autre problème : le manque de personnel.
"Le nombre de lits disponibles en soins intensifs n’est pas le nombre de lits réels où il y a suffisamment de soignants autour de ces lits pour s’occuper des gens", explique l’infectiologue. "On a en tout cas dans nos soins intensifs à Saint-Pierre, 50% d’absentéisme de longue durée, c’est absolument énorme."
La vaccination à Bruxelles
Cette situation s’explique aussi par le taux de vaccination peu élevé dans la capitale. En effet, 61% des Bruxellois de plus de 18 ans sont complètement vaccinés, contre 78% des Wallons.
"Vous voyez certains quartiers à Bruxelles qui ont 10 à 15% de taux de vaccination. Donc vous imaginez bien que le variant Delta, extrêmement contagieux, dans ce type de quartier, fait vraiment des catastrophes", continue Charlotte Martin.
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"A Bruxelles, les hospitalisations covid sont dans la majorité des cas des hospitalisations pour covid sévère. Et on l’a vu, la plupart des gens hospitalisés actuellement avec un covid sévère sont des personnes non-vaccinées."
A ce jour, 10% des lits de soins intensifs en Belgique sont occupés par des cas covid. La situation reste donc, pour l’instant, sous contrôle. Mais vous l’aurez compris, le cas bruxellois est davantage préoccupant. Certains observateurs craignent d’ailleurs une quatrième vague dans les quartiers plus paupérisés, et souvent moins vaccinés.