Coronavirus

Coronavirus au resto : je suis positive (sans le savoir), je vous contamine ?

Au resto virtuel : je suis positive (sans le savoir), comment je vous contamine ?

© halbergman - Getty Images

Beaucoup de Belges ne comprennent pas la décision du comité de concertation de vendredi dernier, de fermer les bars et les restaurants pour un mois. Voici un aperçu de la littérature scientifique sur laquelle cette décision se fonde.

Allons au restaurant virtuel. Un menu en 3 services : entrée chinoise, plat de résistance britannique, et dessert américain. Le pousse est pour la maison.

Entrée

Imaginez, je suis une personne contaminée par le SARS-CoV-2, mais je l’ignore encore, car je suis asymptomatique. Je me rends au restaurant avec 3 membres de ma famille. Il y a de l’air conditionné. A la table d’à côté, la famille Dupont. De l’autre côté, la famille Durant. L’air conditionné est au-dessus de la table de la famille Durant. Le soir, je ne me sens pas bien, j’ai de la fièvre et je commence à tousser. 9 jours après notre repas, chez les Dupont, 3 membres sont positifs, et chez les Durant, 2. Ceci n’est pas une fiction. C’est le cas étudié en Chine, à Guangzhou. Il s’est produit lors de la première vague, fin janvier. Nous vous en parlions déjà en avril, à propos de l’air conditionné, comme accélérateur de la propagation.

Plat

Aujourd’hui, air conditionné ou pas, peu importe l’endroit. Le virus aime les 3 "C" en anglais : closed spaces with poor ventilation (des espaces clos avec peu de ventilation), crowded places (des lieux fort fréquentés), and close-contacts (et des contacts rapprochés). Il est indiscutable que :

- Plus la distance physique est faible (inférieure à 1 m), plus la transmission du virus est intense. Au-delà de 2 mètres de distance, la diminution de la transmission se renforce.

- Le masque réduit le risque d’infection (surtout le masque FFP2, mais aussi le masque chirurgical, le masque en tissu également, en moindre efficacité).

- Se protéger les yeux réduit aussi les risques, un aspect pas suffisamment pris en considération.

Ces constats et recommandations figurent dans une méta-analyse publiée dans The Lancet, en juin dernier. Il s’agit d’une revue systématique de la littérature existant sur le sujet à cette date. 172 études observationnelles ont été prises en considération, dans 16 pays, et sur 6 continents.

Dessert

Pour les incrédules, on peut encore faire mention de cette étude réalisée en Arizona et publiée début octobre. Cet Etat d’Amérique a mis fin aux mesures de restriction sanitaire le 15 mai dernier. Les restaurants, coiffeurs, magasins… ont rouvert. Le nombre de cas de COVID-19 a augmenté de 151% entre le 1er et le 15 juin. Le 16 juin, le port du masque a été généralisé (85% de la population de l’Etat a été touchée par cette mesure), les événements publics ont été limités, les bars, fermés, tout comme les salles de sport et les cinémas. Le nombre de cas a recommencé à diminuer près de 2 semaines plus tard. Entre le 13 juillet et le 7 août, le nombre de cas a diminué de 75%. Il s’agit là d’une corrélation temporelle, qu’on ne peut interpréter comme une causalité. Il y a eu d’autres facteurs, comme les limitations des voyages… C’est une des limites pointées par l’étude.

Le pousse, pour la maison

Enfin, il y a cette étude américaine, dont on vous a déjà parlé. Le centre américain de prévention et de contrôle américain des maladies a comparé deux groupes de patients : 154 jeunes de plus de 18 ans, testés positifs via un test RT-PCR, et 160, testés négatifs (groupe-contrôle). Ils ont été interrogés par téléphone sur leurs activités et leur comportement dans les 14 jours précédent les symptômes. Il n’y avait pas de différence significative, sauf pour une activité : environ deux fois plus de patients COVID, que de patients du groupe-contrôle ont rapporté avoir été au manger au restaurant. Une analyse qui ne tenait pas compte de la différence entre intérieur et extérieur, mais qui a servi d’alerte.

Un peu d'air frais ?

Ajoutons enfin un élément de protection qui devrait s'ajouter aux six règles d'or diffusées par Sciensano : la ventilation. Depuis que le CDC américain a admis que le virus se transporte aussi, outre par gouttelettes, par voie aérienne (aérosols), l'aération est plus que jamais mis en avant comme geste-barrière. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a fait ajouter l’aération des pièces intérieures aux recommandations gouvernementales pour lutter contre la transmission du virus. "Cela pourrait être l’un des moyens les moins chers et les plus efficaces de contenir la dispersion du virus", a-t-elle lancé le 6 octobre dernier. A quand les sept règles d'or en Belgique ?

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