Les ventes sont supérieures à celles d’avril, mais "qu’est-ce que les gens achètent ? C’est bien la question qu’il faut se poser", nuance Philippe Eulaerts. La trajectoire tranche en effet allègrement avec les discours des commerçants de détail en Belgique, qui annoncent des soldes d’été catastrophiques. Seraient-ils des menteurs ? Bien sûr que non. Il faut en fait bien se rendre compte que les chiffres de ventes du secteur commerce, du retail, ne représentent qu’une petite partie de la consommation.
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Les soldes sont une catastrophe
"Une grosse partie de la consommation est liée aux services", rappelle Véronique Goossens, chef économiste chez Belfius, "le coiffeur, un festival, un mariage, le fitness, un city trip, un restaurant, et là on voit que le rattrapage est beaucoup plus faible. De plus, il ne faut pas surestimer le rattrapage du commerce vestimentaire. Le commerce de détail en textile a du mal à vendre son stock, les soldes sont une catastrophe".
Nous sommes encore très loin d’une vraie reprise.
Les ventes globales en textile ne sont pas catastrophiques, mais ce sont surtout "des acteurs comme Zalando, des grands acteurs du commerce électronique, qui tirent leur épingle du jeu". Si vous aviez l’impression que la consommation repartait allègrement à la hausse, et que les commerçants se plaignaient de façon exagérée de soldes désastreuses, vous voilà détrompés.
Corrélation entre contaminations et consommation
En fait, les ventes qui se portent bien aujourd’hui sont surtout celles de l’alimentaire et des médicaments – des produits, pour la plupart, de première nécessité. En réalité, les consommateurs restent manifestement très prudents à ce stade. Pour Véronique Goossens, il y a même une "corrélation entre les contaminations et la consommation. Au moment où les chiffres Covid-19 ont recommencé à augmenter, la confiance des consommateurs a perdu quelques points. Confinement ou pas, le consommateur reste prudent".
Est-ce que les consommateurs vont utiliser une partie de cette épargne pour continuer à consommer ? Si c’est le cas, il y aura un effet positif sur l’industrie. Mais il est beaucoup trop tôt pour affirmer que c’est bien le scénario qui va se réaliser.
Une chute de 10% du PIB belge ? Trop optimiste.
Peut-on parler de reprise, à ce stade ? Non. "Nous sommes encore très loin d’une vraie reprise. En fait, cela va prendre quelques années avant que l’activité économique retrouve le niveau de 2019". Et si l’on jette un œil du côté de l’industrie, pas de quoi démentir cette analyse, la tendance est d’ailleurs claire : ça va mal.