Fatigue, privation de sommeil, difficulté à se détendre… Après 16 mois de crise sanitaire, une grande partie du personnel soignant continue à ressentir des symptômes de stress chronique, avertit jeudi Sciensano. Ce mal-être les pousse parfois à vouloir quitter leur profession, selon les résultats du troisième volet de l’enquête Power to Care, qui évalue le bien-être des professionnels d’aide et de soin.
L’Institut de santé publique et la KU Leuven ont interrogé, en juin dernier, 951 professionnels de l’aide et des soins, les sondant à propos de plusieurs symptômes de stress chronique. Le sentiment de fatigue reste fortement à très fortement présent chez 54% des sondés. Ils sont aussi 45% à déclarer être sous pression et 39% ne réussissent pas à se détendre suffisamment. La privation de sommeil touche fortement 36% des répondants et les troubles de la concentration 31%.
Ces résultats donnent l’image d’un personnel soignant à bout de nerfs et correspondent en grande partie aux enquêtes Power to Care de mars 2021 et décembre 2020. La situation ne semble donc guère s’améliorer.
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Des problèmes physiques sont également présents, ce qui est qualifié d'"extrêmement alarmant" par Sciensano. Un tiers (32%) des sondés éprouvent des douleurs musculaires et articulaires, 29% des maux de tête et 17% des problèmes d’estomac.
En outre, 28% des répondants éprouvent des symptômes d’hypervigilance et 14% des sentiments d’anxiété, ce qui indique un stress aigu. Les proportions sont supérieures à la normale (24% pour l’hypervigilance et 12% pour l’anxiété) mais moindres que lors des précédentes enquêtes, ce qui s’explique, selon Sciensano, par le fait qu’une très grande partie des répondants était vaccinée en juin.
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Ce mal-être a par ailleurs des conséquences sur le plan professionnel : 22% des répondants envisagent de cesser leur activité, contre 10% avant la pandémie. Un cinquième des sondés se sent isolé et seuls 53% ont déclaré avoir le sentiment de faire partie d’une équipe. A peine un tiers pense pouvoir demander suffisamment de soutien et d’accompagnement.
Si la majorité des participants (60%) à l’enquête a partagé ses pensées et émotions avec ses proches, ils ne sont qu’un tiers à s’être confiés à leur hiérarchie. La moitié déclare pourtant avoir besoin du soutien de ses chefs. Seuls 6% ont consulté leur médecin généraliste et 11% un psychologue ou autre professionnel de la santé.