Coronavirus

Coronavirus : un tiers des personnes en soins intensifs sont âgées et vaccinées mais pas de 4e vague en vue, selon Yves Van Laethem

Evolution du nombre de cas de Covid-19 confirmés par région et par date de diagnostic. Rapport épidémiologique de Sciensano

© Sciensano

Est-on au début d’une quatrième vague de l’épidémie de Covid-19 en Belgique alors que les nouvelles contaminations sont reparties à la hausse entre le 6 et le 12 octobre (+28% par rapport à la semaine précédente) ? Le Ministre de la Santé Frank Vandenbroucke juge la situation inquiétante et appelle au respect strict des mesures en vigueur. Le porte-parole du Centre interfédéral de crise, Yves Van Laethem est plus nuancé même s’il constate une hausse des nouveaux cas de Covid-19 cette semaine encore et une augmentation de personnes âgées vaccinées en unité de soins intensifs.

Le pic du 11 octobre

Depuis fin juin, les nouvelles contaminations au Covid-19 ont augmenté petit à petit mais sans dépasser certaines normes, laissant entrevoir un contrôle de l’épidémie. Depuis le 9 août, une espèce de plateau compris entre 650 cas minimum et 2940 cas maximum semble s’être dessiné, soit neuf semaines d’une situation relativement stable en termes de nouvelles contaminations.

Cette stabilité a pourtant été battue en brèche avec une hausse des nouvelles contaminations de 28% entre une semaine (2438 cas en moyenne chaque jour), entre le 6 et le 12 octobre, en comparaison avec la semaine précédente. Le pic des nouvelles contaminations a été atteint le lundi 11 octobre avec 3903 cas positifs, ce qui n’était plus arrivé depuis début mai.

S’agit-il d’un pic isolé ou le début de la quatrième vague ? Il est difficile de répondre à ce stade de la pandémie en Belgique mais les nouvelles contaminations restent plus élevées, soit entre 3400 et 3500 cas entre les 12 et 14 octobre et jusqu’à 4100 cas le 15 octobre, selon les derniers chiffres consolidés.

Efficacité vaccinale en baisse avec le temps

Un tiers des patients Covid en soins intensifs sont des personnes très âgées vaccinées

Pour les experts toutefois, y compris ceux de l’Institut de Santé public Sciensano, la vaccination contribue largement à contenir l’épidémie de Covid-19 puisqu’elle permet de réduire la transmission du virus, les cas graves et, par conséquent, les hospitalisations. Aujourd’hui, la majorité des personnes hospitalisées pour Covid-19, y compris en soins intensifs, sont des personnes non vaccinées, parfois jeunes.


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Mais l’efficacité des vaccins n’est pas totale et diminue avec le temps, comme Israël et les Etats-Unis l’ont déjà constaté (baisse de la protection au bout de six mois avec les vaccins à ARN Messager Pfizer-BioNTech ou Moderna, au bout de quatre mois avec AstraZeneca) … à telle enseigne que des patients complètement vaccinés très âgés constituent désormais le tiers des hospitalisations Covid-19 en soins intensifs. Il s’agit d’une proportion significative.

Nous avons interrogé le porte-parole du Centre Interfédéral de Crise, Yves Van Laethem sur l’éventualité d’une quatrième vague, sur le profil des malades hospitalisés et sur la troisième dose de vaccin.

Interview du porte-parole du Centre Interfédéral de Crise, Yves Van Laethem

 

Africa Gordillo – Sommes nous à l’aube d’une quatrième vague ?
Yves Van Laethem – Non, je ne pense pas. Je n’ai pas de boule de cristal évidemment mais, d’un point de vue épidémiologique, il y a plus de monde en présence, l’automne est là… Le virus aura la main les mois qui viennent. Mais pour le contrecarrer, nous proposons la vaccination et une troisième dose à certaines catégories de personnes (les plus fragiles et les plus de 65 ans). Je pense que beaucoup de gens vont se faire vacciner une troisième fois. J’espère au moins les trois quarts, ce qui devrait permettre que les plus fragiles ne tombent pas gravement malades. Il reste les non vaccinés comme à Bruxelles mais je ne pense pas que ça s’emballe davantage. Je ne pense pas qu’il y aura une quatrième vague, en tout cas pas en soins intensifs. Les cas vont augmenter mais ce ne sera pas comparable aux vagues précédentes. Les pays qui rencontrent de gros problèmes sont les pays de l’Est où la vaccination n’est pas optimale. Chez nous, il y a toutefois toujours le petit bémol de Bruxelles. Il pourrait y avoir une "crisette", peut-être aussi en province de Liège et dans le Hainaut.

On a constaté un pic des nouvelles contaminations le 11 octobre dernier (3903 cas), ce n’est donc pas le signale de la quatrième vague ?
Yves Van LaethemLe pic du 11 octobre est un phénomène isolé. Il n’y a plus de chiffres aussi élevés. J’espère que c’est un épiphénomène.

Le ministre de la santé, Frank Vandenbroucke, parle pourtant d’une situation inquiétante…
Yves Van Laethem
Le ministre de la santé est assez proche de la vision des experts, de la science. Il constate que les cas sont en hausse en Flandre et réagit. Une étude récente de la KULeuvent a montré que la positivité au Covid-19 était très importante parmi leurs étudiants. Frank Vandenbroucke n’était pas favorable à la tombée du masque au nord du pays, souvenez-vous. Je pense qu’il s’adresse plus à la Flandre en exprimant son inquiétude.

Quel est le profil des personnes hospitalisées à cause du Covid-19 ?
Yves Van Laethem –
Il y a bien sûr des personnes non vaccinées. Elles sont majoritaires. Mais il y a aussi des personnes vaccinées, surtout des personnes très âgées qui ont reçu leurs deux doses. En réanimation, la présence de personnes âgées non vaccinées est très significative. On parle d’un tiers. Quasi tous ont plus de 75 ans. C’est un signal. Ça signifie que dans certaines strates d’âge, une partie des personnes ne répond plus bien au vaccin et que la troisième dose a toute son utilité. C’est le moment que les catégories concernées se fassent vacciner.

A qui est destinée la troisième dose de vaccin ?
Yves Van Laethem –
Les personnes très fragiles ont déjà été invitées, de même les plus de 65 ans pour lesquels la campagne est en cours. Le Conseil supérieur de la santé se réunira vendredi pour déterminer si les moins de 65 ans avec comorbidités et le personnel de santé seront également appelés pour une troisième dose.

 

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