Corruption présumée au Parlement européen : l’Europe sous influence ?

Il y a aussi le poids des lobbyistes. Ils seraient plus de 25.000 présents à Bruxelles. C’est pratiquement autant que le nombre de fonctionnaires à la Commission européenne. Cela va de la petite ONG, comme celles que l’on peut retrouver dans le dossier du Quatargate, aux grosses multinationales, en passant aussi bien évidemment par les pays tiers, Quatar, Maroc, Chine, Turquie…

Tous ces États, tous ces groupes d’intérêt, cherchent à influencer le processus décisionnel européen. Il y a bien quelques tentatives de rendre tout ça plus transparent. En vain. "Chaque fois que je rencontre des citoyens, c’est toujours là-dessus qu’on vient me chercher", me confiait un eurodéputé cette semaine à Strasbourg.

Pour l’opinion publique, l’affaire est pliée, le Parlement européen est aux ordres des lobbies.

D’autant que les députés, censés représenter le seul intérêt des citoyens qui les ont élus, sont aussi sous l’influence… des États membres. Avec des présidents de groupe qui sont parfois très très proches des dirigeants européens. Stéphane Séjourné, le président du groupe Renew est un ancien conseiller du président Macron, l’Espagnole Iratxe Garcia Perez, chef du groupe socialiste est-elle une proche du Premier ministre Pedro Sanchez. Ça aussi c’est une sorte d’influence

La Commission européenne n’est pas non plus imperméable à ces petits jeux de pouvoir. Quand l’équipe d’Ursula von der Leyen peine à produire un texte sur le plafonnement des prix du gaz comme le lui ont demandé la majorité des États membres pendant des mois, c’est surtout parce que l’Allemagne n’en veut pas. Ça encore, c’est une sorte d’influence.

Ce scandale du Quatargate jette la suspicion sur les décisions prises par l’Union européenne mais attention de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Nous, les journalistes, nous adorons mettre le doigt là où ça fait mal. Normal, c’est notre job. Le revers de la médaille, c’est que nous passons ainsi sous silence toute une série de décisions qui elles, tournent rond.

Il y a une dizaine de jours. Les députés européens et les États membres se sont mis d’accord pour interdire les importations de produits issus de la déforestation. Une première mondiale passée quasiment sous silence. Et cette semaine, l’Union européenne a enfin donné vie à la fameuse taxe carbone à nos frontières. Un mécanisme là aussi totalement inédit. Il devrait inciter tous les producteurs mondiaux qui veulent écouler leur marchandise en Europe à s’aligner sur nos standards environnementaux.

Ça aussi, c’est une sorte d’influence que l’Europe cherche à avoir sur le reste du monde. Une influence pour la transition climatique. Ça ne se fait pas à coups de valises remplies de billets de banque. Mais avec des députés qui votent des lois.

Alors oui, la corruption existe en Europe. Oui certaines décisions sont prises sous influence. Et il faut tout faire pour prévenir ce mal. Mais ce n’est pas parce qu’il y a quelques fruits pourris dans le panier qu’il faut brûler tout le verger !