Belgique

Coup de sifflet final de la SNCB porté aux agressions dont est victime son personnel

Ce jeudi, ils se sont tous rassemblés à la gare du Nord, personnel accompagnateurs, conducteurs de train, techniciens et ensemble, ils ont donné le coup de sifflet final aux agressions. Une action symbolique mais qui témoigne d’un malaise grandissant dans leurs rangs. En 2022, le personnel des trains et des gares de la SNCB a été victime de 1900 agressions. Une tendance qui se confirme puisque rien qu’en ce mois de janvier 200 agressions ont été recensées, contre 130 en janvier 2022. C’est une hausse de 50% en un an. Quatre agressions sur dix dégénèrent en violence physique.

Une accompagnatrice de train subit deux agressions par an en moyenne

Emilie Taverne est accompagnatrice de train SNCB depuis trois ans. Elle constate qu’il y a eu un avant et après-Covid-19 : " Depuis le Covid, les voyageurs réagissent de manière décuplée. Si un train n’arrive pas à l’heure, les voyageurs bondissent sur nous. Nous devons les apaiser du mieux que nous pouvons. Les foudres se sont déjà retournées sur moi. À ce moment-là, je dois rester calme. Généralement, les choses s’apaisent d’elles-mêmes."

Sylvie le constate, les agressions verbales sont de plus en plus fréquentes. Et ce ne sont pas nécessairement des voyageurs qui ne sont pas munis de leur titre de transport. De plus en plus, ce sont les problèmes de retard de trains, de matériel déficient, ou de manque de place qui provoquent la vindicte des voyageurs.

Si un accompagnateur se fait agresser verbalement ou physiquement, la SNCB lui propose d’être accompagné par un "bodyguard". Sylvie nous explique : "Cette personne nous accompagne que ce soit pour le moral ou le physique. Elle nous aide aussi à compléter les documents administratifs concernant cette agression. Un suivi psychologique nous est aussi proposé. Personnellement, je n’y ai pas eu recours car j’ai pris l’agression dont j’ai été victime, pour l’uniforme, et non pour moi-même."

Une campagne SNCB personnalisée

La nouvelle campagne met en scène des membres du personnel de la SNCB qui ont déjà été confrontés à des agressions. De près et le regard fixé vers la caméra, ils lancent un appel au respect. La vitre brisée à l’avant symbolise cette violence et l’impact qu’elle génère sur eux.

Sophie Dutordoir, la CEO de la SNCB condamne fermement toute forme d’agression, qu'elle soit physique ou verbale : "Pour tout fait de violence à l’encontre notre personnel, la SNCB réclamera les sanctions les plus sévères. Nous demandons aussi à la justice d’appliquer la tolérance zéro et de sanctionner sévèrement chaque agression. Par ailleurs, une présence accrue et visible de la police ferroviaire et de la police locale dans les gares et leurs environnements ainsi que dans les trains est une nécessité pour soutenir nos services de sécurité."

Chaque fait d’agression sera désormais poursuivi

En tant qu’employeur, la SNCB demande que toute agression à laquelle le personnel est confronté soit traitée sérieusement par tous les acteurs de la chaîne judiciaire, chaque situation faisant l’objet d’une plainte de la part des forces de police et chaque plainte faisant l’objet d’une enquête complète et sérieuse, ainsi que d’une sanction appropriée pour les auteurs. À cet effet, elle collabore avec les différents parquets et est en contact avec le Collège des procureurs généraux.

Outre le soutien psychologique immédiat, pour lequel la SNCB fait appel à une aide professionnelle et à 250 collaborateurs spécialement formés, la SNCB propose à ses collaborateurs une assistance juridique après chaque agression, afin qu’ils puissent déposer une plainte et qu’une enquête sur les faits soit ouverte. Dans chaque cas, la SNCB se tournera vers la justice en tant que partie lésée et, en cas de poursuites par le Parquet, la SNCB se constituera aussi systématiquement partie civile.

Les dossiers débouchant sur des poursuites pénales peuvent aboutir à des peines de prison avec ou sans sursis. Les agresseurs s’exposent également à des amendes ou à des travaux d’intérêt général. L’agression contre le personnel de services publics est aussi considérée comme une circonstance aggravante.

Des mesures préventives dans les trains et les gares

En 2023, la SNCB recrutera plus de 100 nouveaux agents de sécurité Securail pour renforcer la présence dans les gares et les trains. Ces agents sont autorisés à effectuer des contrôles d’identité et à rédiger un PV en cas d’infraction à la loi sur la police des chemins de fer. En complément aux patrouilles et interventions, Securail gère aussi plus de 10.000 caméras de surveillance dans les gares, les trains et sur le domaine des chemins de fer, dont les images peuvent être mises à la disposition de la police.

De toute évidence, la SNCB a décidé de prendre à bras-le-corps le problème des agressions à l’encontre de son personnel.

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