Football

Coup d’envoi de la D2 acff : avec De Matos, Franchi et un gardien international français !

© Tous droits réservés

Temps de lecture
Par Philippe Bughin

Le premier championnat de D2 acff à dix-huit équipes démarrera samedi soir. Il est plus ouvert que jamais, comprend quelques belles personnalités mais aussi, grande première, deux formations U23.

Au premier niveau du foot national amateur aussi, des équipes U23 viennent, cette saison modifier le paysage d’une série francophone qui comptera quatre rencontres de plus.
Ainsi, au sein de la D2 acff, dont le championnat 2022-2023 s’ouvre ce prochain samedi soir, les jeunes de l’Union Saint Gilloise et de Seraing débarquent pour se mesurer à quatre équipes brabançonnes ou bruxelloises (Tubize-Braine, Rebecq, Ganshoren et Jette), trois hennuyères (URLC, Acren-Lessines et Binche), sept liégeoises (Dison, Waremme, Verlaine, Stockay, Solières, Warnant et Hamoir) ainsi que deux namuroises (Meux et Namur), toutes composées en majorité d’adultes habitués du niveau.
 

Moukrim, Le Postollec, De Matos…

Moukrim, Le Postollec, De Matos… Les U23 de l’Union sont conduits par l’ancien joueur de Wavre et l’Antwerp, le belgo-Marocain Nouredine Moukrim, lui-même secondé par Flavien Le Postollec, ancien milieu défensif de Mons ou du Brussels, tout juste retiré du foot pro à la suite d’une dernière pige à Deinze, à 38 ans.
Le noyau bruxellois semble impatient à l’idée de débuter la compétition à Namur en fin de semaine, après s’être rassuré lors d’un match de préparation gagné 2-3 face à une équipe mixte du Beerschot.
Le milieu offensif Victor Mendoza Rosende, 19 ans, formé au Standard et arrivé des U18 de OHL, le défenseur et capitaine Nelson Lemaire, 21 ans ou encore l’arrière droit Antonio Zacarias, 20 ans, passé par les jeunes de Bruges, Anderlecht et Cosenza (Italie), parmi d’autres promesses ne devraient pas passer inaperçus dans cette formation peu mise en lumière jusqu’ici.
Du côté de Seraing, c’est l’ancien joueur international portugais du Standard de Liège (de 1978 à 1981), Luis Norton De Matos qui conduira à presque 69 ans l’équipe au sein de la D2 acff.
Amené sur place par un certain Lucien D’Onofrio, celui qui a dirigé les centres de formations de Lille et de l’Antwerp a également été par le passé directeur sportif du Sporting du Portugal.
De l’avis de Patrick Fabbri, directeur sportif actuel d’Aywaille, équipe liégeoise de D3 acff, Luis De Matos a du potentiel à sa disposition :
" Nous avons été mangés par cette équipe au Pairay ces derniers jours (NDLR : défaite 4-1).
Pourtant, nous restions sur de très sérieuses oppositions à Warnant comme en coupe de Belgique, contre Harelbeke (1-2), et nous avons, à mon sens l’équipe pour jouer le top 5 en D3 acff.
Sur ce que j’ai vu de Seraing, ses joueurs, dont quelques Africains tiendront la distance en D2 acff.
On s’attend souvent à ce qu’ils montrent moins d’impact physique parce qu’ils sont jeunes, mais ils ont un joli bagage technique et une envie de bien faire. Attention, je resterais toutefois très nuancé dans ma vision des choses car l’entraîneur sérésien avait vingt-huit joueurs à sa disposition ce jour-là !
Ils ont fait beaucoup de changements et il devait y avoir des " punis " du noyau A dans l’équipe. "

Renseignements pris, c’était bien le cas puisque des garçons comme le gardien luxembourgeois Serge Martin, 21 ans prêté par Virton ou le Nigérian Ifoni Ejaita, 22 ans venu de Porto B ont un contrat pro en poche. Les U23 de Seraing, qui ne débuteront pas leur championnat avant le 31 août à Meux, toujours qualifié en coupe de Belgique devraient plutôt s’appuyer sur des Kévin Ousmane, 20 ans, portier venu de Lyon, le milieu de terrain Bassim Boukteb, 21 ans ou encore Naoufal Azzagari, un ailier droit hollandais de 21 ans, arrivé du FC Eindhoven.
Comme c’est le cas à l’Union, il faudra s’attendre à une majorité de jeunes qui cravacheront pour enchaîner des victoires, leur vrai niveau se situant davantage dans la colonne de droite.

12.500 € de prime pour accueillir les deux U23

Pour occuper une place dans le foot national amateur, les pros de Seraing et l’Union ont dû verser un passe-droit de l’ordre de 100.000 € chacun, somme qui, redistribuée entre les seize autres adversaires de la D2 acff ont permis à ceux-ci d’engranger un montant proche des 12.500 € sur leur compte en banque.
Pour rappel, dans cette série, seules les trois dernières places seront directement synonymes de culbute en D3 – la 14eme et la 15eme place étant aussi susceptibles de l’être si deux ou trois équipes francophones basculent de Nationale 1 -.
Enfin, s’il eut pu être mis sur la sellette en cas de présence de l’ancien Mouscron dans cette division, un tour final désignera toujours celui qui rejoindra deux autres équipes flamandes et le barragiste de nationale 1 en vue de décrocher le ticket supplémentaire pour l’échelon supérieur.
Comme il y a 34 matches à disputer au total, le vainqueur de la tranche 1 sera connu après les dix premières confrontations, les deux suivants étant désignés après chaque fois douze duels.

 

Compétition ouverte et remplie de points d’interrogation

Cette fois, sur la ligne de départ, il n’y a plus la Raal La Louvière pour dominer de la tête et des épaules la D2 francophone.
Il serait pourtant tentant de désigner Tubize-Braine comme candidat numéro un à l’accession à l’échelon supérieur. Pas seulement parce que le groupe qui a fini en boulet de canon 2021-2022 a pu conserver l’essentiel de ses forces, en dehors peut-être d’un Antonio Debole, parti à Rebecq et du défenseur central Mikail Deliboyraz, transféré à Binche, mais hélas déjà blessé sérieusement au genou.
Le coach brabançon Mohamed Bouhmidi peut, cette saison travailler, entre autres nouvelles têtes avec les défenseurs louviérois Gilles Denayer et Louis Delhaye, le milieu de terrain de Ganshoren Serhat Tepe et le flanc offensif venu de Acren, Kylian Lete.
Comme la saison dernière, l’équipe chère à Thierry Hazard, investi dans un rôle de très précieux et apprécié de jardinier pour bichonner la pelouse du stade Leburton cet été ne devrait avoir aucun mal à obtenir à nouveau la licence pour la Nationale 1 dans les premiers mois de 2023.
En dehors des U23 de l’Union et Seraing bien sûr, quels autres clubs de la série peuvent-ils vraiment s’avancer pour noter qu’ils seront également dans les bons critères ?
Rebecq avait fait la demande de licence la saison dernière, mais ne l’avait in fine pas obtenue. Sera-ce moins compliqué en 2023 ? On peut toujours imaginer qu’avec la venue de Marc Grosjean comme directeur technique à Stockay voire surtout l’investissement nouveau de l’ex-patron de Seraing Mario Franchi à Verlaine, on réfléchit à avancer plus rapidement dans ces clubs-là.
L’Union Namur, via le président Bernard Annet parle aussi de l’octroi de cette licence, mais il lui faudra avant tout confirmer l’installation dans un nouveau stade (Adeps de Jambes ?) puisque, au jour d’aujourd’hui, la seule certitude, c’est qu’il devra laisser les Bas-Prés au Bureau Economique de la Province en fin de saison.
Quid des autres ? Meux travaillerait en coulisses à l’amélioration de son stade, mais s’il y a les travaux d’infrastructures à budgéter, il convient aussi d’augmenter la capacité financière du club pour supporter les cinq contrats au moins de sportifs rémunérés à l’échelon supérieur.
On ajoutera encore que le mécène José Lardot continue son tour de la Wallonie après son passage à Hemptinne Eghezée, Andenne, la RUW Ciney, le RFC Huy et Solières. Le voici cette fois dans un rôle d’investisseur qui compte à Waremme.
Au RSD Jette, le club est déjà en association de jeunes avec le RWDM et ses investisseurs étrangers. Un premier pas, avant un autre (?) en faveur d’une équipe A qui vient de sortir avec les honneurs de la coupe de Belgique, battue seulement 2-1 par la D1B de Dender.
A Ganshoren, on attaquera la nouvelle saison avec des ambitions, fort des arrivées de Michael Vossaert, ancien joueur de la fin des années 2000 comme nouveau président, Serge Debacker, nouveau manager sportif et l’une ou l’autre recrues offensives venues du Crossing voisin.
L’entraîneur Jean-Sébastien Legros, parti rejoindre le staff pro de Seraing (D1A) après avoir fait monter Dison de D3 en D2 a-t-il laissé un beau cadeau à l’ancien joueur Christophe Kinet, monté dare-dare de Jodoigne pour conduire l’équipe verviétoise en D2 ?
Les points d’interrogations ne manquent pas à différents niveaux, juste avant les trois coups.
Comme celui-ci aussi : La Louvière Centre, toujours détenue par des capitaux français, et aidée, dit-on en coulisses par les footballeurs Serge Aurier et Neeskens Kebano, amis des joueurs-décideurs Fred Salem et Christopher Luhaka aura-t-elle encore du répondant ?
" Attendons fin septembre pour avoir les premières vraies réponses à ces interrogations initiales, glisse prudemment Pascal Bairanjam, T1 de Solières, club qui devrait ne plus faire qu’un avec la D3 acff du RFC Huy en 2023-2024 si l’on décode les paroles du bourgmestre (empêché) de Huy, Christophe Collignon lors d’une longue interview donnée au quotidien Vers l’Avenir Huy-Waremme tout récemment.
Quantité de nouveaux joueurs débarquent dans les clubs. Quelle est leur réelle valeur ?
Je vais personnellement entamer la saison sans mes attaquants
Suray, Hanrez, Kabeya et Lasfar, tous en même temps sur la touche. On ne transfèrera plus.
Imaginez que notre compteur ait du mal à se débloquer lors des cinq premières rencontres.
Lorsque le retard à l’allumage est là, le doute s’installe vite.
L’URLC ? Avez-vous vu qu’il compte en ses rangs l’ancien buteur de l’Olympic de Charleroi,
Yoroma Jatta, remis d’une opération des croisés et revenu de l’étranger ? "

La belle intégration et adaptation du gardien Lucas Alexandre

© Tous droits réservés

Parmi les transferts marquants de la série, il faut noter en autres bons joueurs la présence du l’ex-capitaine de la Raal Quentin Louage ainsi que le numéro dix de Manage, Nabil Seggour, désormais à Binche, des anciens Visétois Martin Schillings et Arthur Manfredi à Dison, de Cyril Rosy, un six venu de Heist à Meux, l’attaquant Jordan Henry (Raal) et le gardien du RFB Maxime Vandermeulen, arrivés à Rebecq, El Mehdi Khaida, passé de l’Olympic à Namur ou encore Miguel Dachelet, ex-Zulte Waregem et Meux, transféré de Wiltz à Waremme.
S’il y a autant d’incertitudes au moment du coup d’envoi de cette saison, – On ajouterait bien : Meux et Warnant resteront-ils tout en haut du tableau ? Hamoir sera-t-il toujours un exemple de stabilité dans la colonne de gauche ? Le nouveau noyau de l’U.Namur n’est-il pas très bien armé pour ennuyer tout le monde dans cette D2 ? - c’est qu’elle sera passionnante.
Et puis au cœur d’informations diverses de début de saison dans cette série, même si celle-ci ne doit pas être trop montée en épingle pour respecter le souhait de l’intéressé et son club une des plus belles arrive peut-être bien d’Acren-Lessines. Le club hennuyer n’a en effet pas hésité à dépasser la notion de handicap pour installer dans ses buts un jeune gardien, exemple parfait d’intégration : Lucas Alexandre arrive d’Itancourt, club évoluant en R1 française. Il est, depuis ses 17 ans le gardien titulaire de l’équipe de France des sourds et malentendants (14 sélections). Il a déjà participé dernièrement aux Deaflympics (Jeux Olympiques) au Brésil en 2022, où il a terminé vice-champion. Il s’apprête également à s’envoler pour la Corée du Sud en juin 2023 pour y disputer la Coupe du Monde.
" Sur un terrain, il n’entend pas et ne parle pas. Mais il y a la langue des signes et un travail continu entre les joueurs de champ et lui. Il a un très bon jeu au pied et il rassure dans ses sorties. En équipe nationale, il côtoie des garçons qui ont un handicap semblable. Ce n’est pas le cas à Acren. Mais il a une faculté d’adaptation incroyable ", raconte très respectueusement l’entraîneur adjoint des Camomilles, Fabrice Milone.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous