Ce n’est pas la première fois que des controverses naissent quant au pays accueillant la Coupe du Monde. En 1978, la compétition est organisée en Argentine. On est alors en pleine dictature. Et la contestation se fera de différentes manières. Et de façon parfois étonnante : le sélectionneur français de l’époque, Michel Hidalgo, se fait braquer par un groupe opposé à cet événement.
Mais rien n’entravera la compétition dont la finale aura lieu à un bon kilomètre seulement d’une des salles d’interrogatoire où des opposants sont torturés ! Certains joueurs protesteront à leur façon. C’est le cas des joueurs suédois qui iront à la rencontre des Mères de la place de Mai, elles qui réclament inlassablement la vérité sur leurs enfants disparus.
La Russie et l'Ukraine, déjà...
Plus proche de nous, il y a eu la Coupe du Monde organisée en Russie en 2018. Dans un document interne, l’Europe songe à boycotter l’événement. Ça n’ira pas plus loin. Même si certains politiques appellent au boycott. C’est le cas du vice-Premier ministre britannique Nick Clegg. Celui-ci estime que " ce "jeu magnifique" ne peut pas être "entaché par l’horrible agression de la Russie" contre l’Ukraine. Car la Russie vient de rattacher la Crimée. Mais finalement, c’est la position de la Fédération allemande de football qui l’emporte. Elle juge ce boycott contre-productif comme celui des Jeux olympiques de Moscou en 1980. "Le boycott de 1980 n’a rien apporté. Ça n’avait été préjudiciable qu’aux sportifs", avait expliqué le président de cette fédération.
A l’époque, Amnesty International proteste aussi. L’organisation de défense des droits de l’homme balance des ballons avec des noms de défenseurs russes des droits de l’homme dans le jardin de l’ambassade russe à Bruxelles… Une action qui n’aura pas beaucoup de retentissement.
Quatre ans plus tard, c’est donc l’organisation de cette Coupe du Monde au Qatar qui soulève de nombreuses questions. Et se pose à nouveau la question de l’opportunité d’un boycott. " Ce sont des menaces souvent peu appliquées car la puissance des pays organisateurs est telle qu’on hésite à se les mettre à dos", estime Jean-Michel De Waele. Le politologue pose aussi la question de l’efficacité d’une telle mesure : " si des équipes ne participent pas, est-ce que le régime changerait de nature? C’est difficile à savoir."
Pourquoi si tard?
Du côté d’Amnesty International, on se demande pourquoi cette question arrive aussi tard. C’est en décembre 2010 que la Fifa a annoncé que le Qatar accueillerait la Coupe du Monde en 2022 ! En 2012 déjà, l’organisation de défense des droits de l’homme avait publié un rapport sur ce pays. Elle a ensuite oeuvré pour amener des changements, des améliorations pour les travailleurs. Elle a, par exemple, contacté la société Besix pour les sensibiliser aux mesures à mettre en oeuvre pour les travailleurs.
Ce problème ne devrait plus se poser lors des prochaines Coupes du Monde. Car la Fifa a décidé qu'à l'avenir, les critères humains et environnementaux seront pris en compte lors de l'attribution de la compétition à un pays.