Le 31 décembre 2020, un important trafic de drogues est démantelé par la police au sein de la cité du Parc de Nazareth à Manage. Plusieurs personnes sont interpellées. Une banale affaire de stupéfiants ? Pas vraiment… La police découvre que les dealers stockent leurs drogues chez des gens du quartier, des personnes vulnérables, mortes de trouille.
Un couple et leurs trois enfants, qui vivent dans des conditions très précaires sur les plans social et financier, se livrent aux enquêteurs. Ils déclarent vivre un enfer avec leur voisin, impliqué dans le trafic. Il leur vole leur argent, il est violent, menaçant, parfois armé d’un couteau. Les pressions sont permanentes. Tout est prétexte pour qu’il se déchaîne dans la violence, cognant les parents, puis les enfants dont deux sont reconnus comme handicapés.
Tribunal trop clément ?
La chambre du conseil renvoie ce petit monde devant le tribunal correctionnel du Hainaut, division de Charleroi. Sept personnes sont condamnées en juillet 2022. Le voisin écope de sept ans de prison ferme et son épouse d’une peine de cinq ans, pour des extorsions et des traitements inhumains et dégradants. Ils ont fait appel, suivis par le ministère public.
Ce dernier estime que le tribunal s’est montré trop clément avec les appelants, parents de six enfants, et demande des peines de neuf et six ans de prison. "Comment des êtres humains peuvent-ils arriver à de telles extrémités en chosifiant une famille dans le but d’en tirer des bénéfices et d’assouvir leur besoin d’argent ?" demande l’avocat général.
"Des grosses conneries"
Détenu depuis quinze mois, le voisin reconnaît "avoir fait des grosses conneries", qu’il regrette. Il veut montrer à la justice qu’il n’est plus cet homme qui consommait entre dix et quinze grammes de cocaïne par jour, entre 2014 et 2020. Son avocate plaide un sursis probatoire sur une peine de cinq ans.
Le prévenu reconnaît les faits et regrette d’avoir imposé la terreur chez ses voisins, dépouillés de plus de 46.000 euros en quelques mois. Les victimes ont été expulsées de leur logement, en raison de loyers impayés.
L’épouse active
Dans cette affaire, son épouse n’est pas restée inactive. Selon l’avocat général, elle attendait l’arrivée du facteur chez ses voisins, afin de mettre la main sur les chèques de la Vierge noire. Elle raconte qu’elle avait peur de son mari, violent avec elle. Elle reconnaît n’avoir rien fait pour mettre fin à la situation. Son avocat ne plaide pas la contrainte irrésistible, il propose une peine de travail.
Ici, c’est la drogue qui est à l’origine des drames. "Ils n’ont jamais fait marche arrière, ils ont déshumanisé un couple et leurs enfants", conclut l’avocat général.
L’arrêt sera prononcé lors de l’audience du 7 décembre.