Le 27 juillet 2010, le corps sans vie de Jacqueline Goffin, 80 ans, est retrouvé dans son appartement à La Louvière. Un médecin déclare qu’elle est morte de cause naturelle et que le décès remonte au 21 juillet. Les policiers ne constatent rien d’anormal dans l’appartement.
Le lendemain, le fils et le petit-fils de la victime se rendent à la police. Ils ont découvert que plusieurs retraits bancaires ont été effectués avec la carte de Jacqueline, à des heures auxquelles elle ne sortait jamais, dans des agences bancaires proches de son domicile. Son compte en banque est en négatif de près de 2000 euros, ce qui n’est pas habituel. Enfin, dans la maison, il y a une lettre. Il est écrit que V.C doit 3500 euros à Jacqueline.
Plusieurs fractures
Une instruction est ouverte au parquet de Mons. Le corps est l’objet d’une autopsie. La mort n’est pas naturelle puisque des fractures sont relevées au thorax et au visage. Selon les légistes, il a fallu l’intervention d’un tiers.
Le juge d’instruction ordonne plusieurs devoirs d’enquête qui confirment que Jacqueline est décédée le 18 juillet. Elle, qui sortait son chien plusieurs fois par jour, n’a plus été revue par ses voisins après cette date. Son calendrier est barré jusqu’au 17 juillet et son programme télé est ouvert à la page du 18 juillet. Enfin, les voisins ont entendu "un vacarme" le soir du 18 juillet, comme si on déplaçait des meubles.
Pour les enquêteurs, Jacqueline connaissait celui qui l’a tuée puisqu’aucune trace d’effraction n’a été relevée sur la scène de crime.
Un suspect endetté
Vincent est rapidement suspecté. Il est proche de la vieille dame, il lui rend souvent visite et il est endetté jusqu’au cou, à cause de son addiction aux jeux. Outre une dette de 3500 euros, Vincent avait déjà volé la carte bancaire de la victime, en 2009. Jacqueline avait fait bloquer sa carte. Ici, elle n’a pas eu le temps.
La téléphonie confirme que Vincent a beaucoup bougé le soir du 18 juillet, entre 22h43 à La Louvière et 23h38 à Gouy-lez-Piéton. Son téléphone active des bornes proches des agences bancaires. Toutefois, son ADN n’est pas retrouvé sur la scène de crime. Le tribunal correctionnel de Mons l’acquitte, dans un jugement prononcé le 6 septembre 2021.
Le ministère public est en appel, convaincu que Vincent a bien commis un vol avec violence, ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Pour échapper à un naufrage financier, il est allé chez Jacqueline pour lui voler sa carte de banque. Dans la foulée, il a tenté de monter une escroquerie à l’assurance, avec le concours de quelques amis. Enfin, il a continué à dépenser de l’argent liquide dans des salles de jeux, entre le 19 et le 27 juillet, alors qu’il avait beaucoup perdu le 17 juillet. Une peine de cinq ans minimum est réclamée, vu le dépassement du délai raisonnable pour juger cette affaire.
Un vol avec meurtre
Pour les avocats des parties civiles, Me Alexandre Wilmotte et Me Frank Discepoli, il est coupable d’un vol avec circonstance aggravante de meurtre. Pour les avocats, Vincent a dû accepter un décès éventuel en raison de la violence et du nombre de coups portés à la victime. La troisième chambre correctionnelle de la Cour d’appel invite la défense à se défendre de cette requalification. La peine prévue par le Code pénal est la perpétuité aux assises.
Les avocats de la défense prendront la parole ce mercredi.