Tik Tok, Snapchat, Instagram, Messenger, …, la jeunesse du début de ce siècle est accro à ces réseaux. Mais ces moyens de communication sont également le terrain de chasse de cyber prédateurs. L’un d’eux, condamné à une peine de dix ans de prison en première instance comparaissait ce mercredi matin devant la Cour d’appel.
Âgé de trente-quatre ans, le prévenu vit chez sa maman. Il n’a pas vraiment de vie sociale et passe l’essentiel de son temps derrière son écran. Sa vie sentimentale n’est pas une réussite.
Prédateur du net
Le trentenaire recherche ses proies sur Internet : de jeunes adolescentes qui pianotent sur leurs téléphones portables. Après les avoir mis en confiance, l’homme leur demande de s’exhiber face à leur webcam et réclame de gros plans de leurs parties intimes.
Lors de l’été 2020, la maman d’une fille âge de onze ans dépose une plainte à la police locale de Charleroi, dénonçant "Benji", qui est entré en contact avec sa fille sur Instagram. En octobre, une autre maman dépose plainte à son tour.
"Benji" est identifié en mai 2021. "Il est interpellé et la police découvre, dans son ordinateur, des centaines de photos d’adolescentes qui s’exhibent nues et des vidéos à caractère pédopornographique", explique l’avocat général. "Benji" sévit sur la toile depuis trois ans.
900 filles contactées
Interrogé par la police, le suspect raconte qu’il a fait une dizaine de victimes au Canada, une cinquantaine en France et une vingtaine en Belgique. Il précise qu’il est entré en contact avec 900 filles et que la moitié tombait dans son piège.
Le 21 décembre dernier, la sixième chambre correctionnelle du tribunal du Hainaut, division de Charleroi, condamne ce prédateur du Net à une peine de dix ans de prison, retenant notamment un viol à distance prévu par le nouveau Code pénal sexuel. Le jeune homme a obligé une adolescente à se masturber face caméra. Il est aussi coupable d’atteinte à l’intégrité sexuelle d’autrui, d’incitation à la débauche, de menaces et de harcèlement.
Menaces, chantages
En Appel, le représentant du ministère public estime que cette peine est sévère, car le prédateur n’a eu aucun contact physique avec ses victimes. La défense plaide un sursis probatoire sur une peine de cinq ans. Le jeune homme était inconnu des autorités judiciaires.
Le prévenu dit regretter les faits. Il parle de son mal-être, de la honte pour sa mère. La présidente de la cour pense surtout aux victimes, dont certaines font l’objet d’un suivi psychologique. Le prévenu n’a pas hésité à les menacer de diffuser les images sur les réseaux sociaux. Il s’est même fait passer pour un policier. Enfin, il menaçait de se suicider s’il ne recevait pas des "nudes".
Lors de l’audience, la Cour a profité de la présence d'étudiants de quatrième secondaire d’une école montoise, en visite découverte aux Cours de justice, pour les sensibiliser aux dangers d’Internet où les victimes de ces cyber prédateurs sont de plus en plus jeunes.