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Cour d’appel du Hainaut : violent règlement de compte dans le milieu de la drogue à Charleroi

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Le 2 février 2018, un jeune homme de Charleroi a cru voir sa dernière heure arriver quand un autre jeune lui a taillé le visage et le ventre à l’aide d’un cutter. Tout ça à la suite d'un vol de cannabis qui s'est déroulé la veille. Une arme à feu avait été exhibée. La victime voulait régler ses comptes.

Le tribunal correctionnel du Hainaut, division de Charleroi, a déjà statué sur cette affaire. Il a condamné l’auteur des coups de cutter à une peine de trois ans, assortie d’un sursis de cinq ans, pour des coups prémédités ayant entraîné une incapacité de travail de plus de quatre mois. Les autres protagonistes, tous étudiants, ont bénéficié d’une peine de travail.

Légitime défense ?

Mardi, devant la troisième chambre correctionnelle de la Cour d’appel du Hainaut, le ministère public n’a pas demandé à la Cour de revoir ce jugement. Il n’a pas demandé de requalifier les faits, alors qu’une avocate d’une partie civile estime qu’il s’agit d’une tentative d’homicide. Le ministère public estime que le tribunal a eu raison de ne pas retenir la légitime défense pour l’auteur des coups de cutter.

Pourtant, Me Druart estime que son client doit bénéficier de cette cause d’excuse. Il explique que son client n’était pas armé, quand il s’est présenté devant une dizaine d’étudiants qui l’attendaient dans le parc du palais de justice pour en découdre avec lui. Ainsi, le prévenu aurait trouvé le cutter sur le sol et s’en serait servi pour se défendre, tailladant ainsi le visage et le ventre d’un étudiant. "Il est tombé dans un traquenard. Ils voulaient l’agresser, c’était leur projet criminel. Lui n’avait pas de cutter, sept témoins l’affirment", insiste l’avocat.

Cette légitime défense ne convainc pas les avocats des autres parties, ni l’avocat général. "Ce n’est pas une bagarre de cour d’école, ce sont là les prémices du crime organisé. L’utilisation d’une arme est démonstrative de l’autorité d’un homme qui n’a pas eu peur d’être confronté à dix individus", insiste Me Demanet.

En détention préventive

À part une remontrance du tribunal de la jeunesse, l’auteur des coups de cutter avait un casier judiciaire vierge avant les faits. Toutefois, il est actuellement en détention préventive, inculpé, il y a trois semaines, de faits de torture et de traitements inhumains et dégradants à l’égard d’un individu dans le cadre d’une dette impayée en matière de stupéfiants. Il jure qu’il est innocent. "Je regrette ce qui s’est passé en février 2018, je ne pensais pas que cela allait finir comme ça", dit-il.

Il a essuyé des coups, de la part d’un autre jeune, en aveux. "Je voulais juste aider mon meilleur ami, promis à une mort certaine", dit-il. Son ami garde des cicatrices et un lobe d’oreille coupé.

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