Christian, 56 ans, est un homme fragile depuis qu’un infarctus foudroyant l’a fortement diminué. Il partage la vie de Camille, 52 ans, qui souffre d’un retard mental léger. Lui dépend de la mutuelle et elle touche des indemnités de la Vierge noire. Ce sont des personnes vulnérables.
Christian a une sœur, Marie-Hélène, qui vit avec son compagnon, Laurent, et leurs trois enfants à Anderlues. Il y a aussi six chiens, de nombreux chats, un coq, des poules… Marie-Hélène propose à son frère et sa belle-sœur de loger chez eux, afin qu’elle puisse s’occuper d’eux.
Le couple accepte, pensant y trouver un peu de bonheur… Il ressort de l’acte d’accusation, rédigé par l’avocat général, qu’ils y ont vécu l’enfer.
Christian raconte l’horreur
Le 27 avril 2019, Christian se rend à la police, accompagné d’une voisine, et dénonce des traitements dégradants dont sa compagne et lui ont été victimes.
Christian raconte aux policiers que, le 12 avril, Rémy, le compagnon de Betty, laquelle est la fille aînée de sa sœur Marie-Hélène, a versé du pétrole sur son pantalon et celui de Camille. La famille riait et chantait "Allumez le feu" de Johnny. Une petite fille, âgée de treize ans, a déclaré qu’elle avait bouté le feu avec le briquet de son père…
Grièvement blessée, Camille a réussi à fuir et s’est rendue à l’hôpital. Outre des brûlures, des traces de coups ont été relevées sur son corps.
Christian poursuit sa déclaration à la police. Il raconte que sa sœur lui a confisqué sa carte de banque et dénonce d’autres traitements, que la loi qualifie d’inhumains et de dégradants : des coups, l’obligation de dormir sur un matelas placé à même le sol, insuffisance alimentaire et vestimentaire, obligation de manger les excréments des chiens, de faire la manche ou de voler du métal dans les déchetteries.
Camille va plus loin dans l’horreur
Interrogée, Camille confirme les déclarations de son compagnon, ajoutant d’autres faits tout aussi abjects : rasage du crâne, tatouages non désirés dessinés sur le corps, des insultes, des attentats à la pudeur de la part de son beau-frère mais aussi une tentative de viol perpétré par deux mineurs…
Les déclarations sont objectivées par les constatations du médecin-légiste désigné dans le cadre de l’enquête, et par les investigations menées par le juge d’instruction.
Enfin, les victimes déclarent que la famille avait un jeu, consistant à leur envoyer des pièces de monnaie dans la bouche, comme on lance une friandise à un animal…
Six accusés, quatre détenus
La chambre des mises en accusation a décidé de renvoyer Laurent, sa compagne Marie-Hélène, le beau-fils de cette dernière, Rémy et un voisin, Frédéric, pour répondre de torture. Ce dernier a bénéficié d’un bracelet électronique la semaine dernière.
D’autres chefs d’accusation sont retenus, ainsi que de nombreuses circonstances aggravantes : traitements inhumains et dégradants (seule accusation retenue contre Dany, un proche), traite des êtres humains, abus de faiblesse Betty est accusée de non-assistance à personnes en danger.
Le procès qui débute ce lundi est se tiendra durant trois semaines…