Coronavirus

Covid-19: en Belgique, un "boosté" de plus de 65 ans a 94% de risques en moins d'aboutir aux soins intensifs qu'un non-vacciné

Moyenne journalière et l’incidence cumulée sur 14 jours pour le nombre d’hospitalisations, par statut vaccinal et par groupe d’âge, pour la période du 20 décembre 2021 au 2 janvier 2022.

© Capture d’écran Sciensano

Par Anthony Roberfroid

L’action des vaccins contre la transmission du Covid-19 est parfois remise en cause, certains la jugeant moins forte qu'espéré, surtout depuis l'apparition du variant Omicron, mais il est un fait incontestable: ceux-ci protègent efficacement contre le risque d'hospitalisation et de façon encore plus nette de formes très graves de la maladie.

Depuis quelques mois, Sciensano partageait les données d'infections et d'admissions, notamment en soins intensifs selon le statut vaccinal. Dans son dernier rapport hebdomadaire, qui repose sur la période du 20 décembre 2021 au 2 janvier 2022, les données concernant le booster ont été ajoutées: et les graphiques font clairement apparaître que cette dose supplémentaire réduit fortement les risques d’hospitalisation. L’effet est d’ailleurs particulièrement visible pour les 65 ans et plus qui représentent la tranche de la population la plus fragile face au virus. 

Réduction des hospitalisations

En termes de chiffres absolus pour les 65 ans et plus, le nombre moyen d’admissions par jour à l’hôpital est quasiment similaire. Mais il faut prendre en compte que plus de 80% des seniors ont déjà reçu cette dose de rappel, et les plus de 65 ans non-vaccinés, qui représentent à peine 10% de cette tranche d'âge, sont donc largement sur-représentés dans les hôpitaux.

Si on calcule en termes d’incidence, c'est-à-dire la proportion de personnes hopsitalisées par rapport au total des individus ayant le même statut vaccinal, la protection des vaccins saute aux yeux: seules 16,1 personnes sur 100.000 triplement vaccinées ont été hospitalisées alors que 188,4 personnes sur 100.000 non vaccinées sont entrées à l’hôpital, soit 11 fois plus. Être triplement vaccinés lorsque l’on a 65 ans ou plus réduit donc le risque d’hospitalisation de 94% par rapport aux non-vaccinés de la même tranche d’âge.

La protection apportée par la troisième dose, par rapport à une personne qui n'a reçu que les deux premières est également marquée. 110,4 personnes sur 100.000 vaccinés avec deux doses, et donc sans booster, ont été hospitalisées (contre 16,1 personnes sur 100.000 pour les triplement vaccinées, 7 fois moins). La troisième dose réduit donc davantage les risques d’être hospitalisé que les deux premières doses avec une réduction de risque de 85%.

Réduction relative du risque d’hospitalisation
Réduction relative du risque d’hospitalisation © Capture d’écran Sciensano

Du côté des populations plus jeunes, le constat est semblable même si l’effet de la dose booster est moins marqué par rapport à ce qu'on appelle la "primo-vaccination". Mais il reste très net entre vaccinés et non-vaccinés: en moyenne, 38,5 personnes de 18 à 64 ans sur 100.000 non vaccinées ont été hospitalisées. C’est presque 6 fois plus que les 6,6 personnes doublement vaccinées et quasiment 9 fois les 4,4 personnes ayant reçu leur booster.

Être vacciné avec deux doses réduit ainsi les risques d’hospitalisation de 83% par rapport aux 18-64 ans non vaccinés. Avoir reçu un booster réduit les risques jusqu’à 89% par rapport à un non-vacciné.

La réduction de risque est un peu moins importante pour les 18-64 ans triplement vaccinées par rapport aux personnes doublement vaccinées du même groupe, avec néanmoins une baisse de 33%. Cependant, ces chiffres devront être analysés dans le futur puisque les effets de la perte d’immunité après deux doses pourraient rendre la réduction de risques via une dose booster plus importante.

Moyenne journalière et l’incidence cumulée sur 14 jours pour le nombre d’admissions en USI, par statut vaccinal et par groupe d’âge, pour la période du 20 décembre 2021 au 2 janvier 2022.
Moyenne journalière et l’incidence cumulée sur 14 jours pour le nombre d’admissions en USI, par statut vaccinal et par groupe d’âge, pour la période du 20 décembre 2021 au 2 janvier 2022. © Capture d’écran Sciensano

Réduction des risques de formes graves demandant des soins intensifs

L’efficacité du vaccin contre les formes de graves de la maladie, amenant les patients dans les services des soins intensifs, est encore plus clairement démontrée par les chiffres de Sciensano.

En termes d'incidence, ce sont 45,1 personnes non vaccinées sur 100.000 qui nécessitent des soins intensifs, contre 19,2 personnes sur 100.000 pour les doubles vaccinés. Les 65 ans et plus qui ont reçu deux doses ont donc 57% de risques en moins de terminer en unité de soins intensifs que les personnes du même groupe non vaccinées.

Et la protection conférée par trois doses de vaccin est encore plus flagrante. Au total, l’incidence sur les 14 derniers jours montre que 2,9 personnes âgées de 65 ans ou plus triplement vaccinées sur 100.000 seulement ont été admises en soins intensifs, soit 15 fois moins que les non-vaccinés. Cela représente donc une diminution des risques de 94% par rapport aux personnes non vaccinées et de 85% par rapport aux personnes ayant reçu deux doses de vaccin.

Réduction relative du risque d’admission en USI
Réduction relative du risque d’admission en USI © Capture d’écran Sciensano

Du côté de la tranche 18-64, les effets sont ici aussi semblables, même si moins impressionnants.

En moyenne, 12,2 personnes de 18 à 64 ans sur 100.000 non vaccinées ont été admises en soins intensifs chaque jours. Du côté des doublements vaccinés, on compte seulement 1 personne sur 100.000 qui a été admise en soins intensif. Pour les personnes ayant reçu leur dose de rappel, ce chiffre tombe sous l'unité, avec 0,7 personne pour 100.000. Être vacciné avec deux doses réduit les risques d’admission en soins intensifs de 92% par rapport aux 18-64 ans non vaccinés. Avoir reçu un booster réduit les risques jusqu’à 94% par rapport à un non-vacciné.

Pour cette tranche d'âge, la réduction du risque d'admission en soins intensifs pour les personnes triplement vaccinées par rapport aux personnes doublement vaccinées est de 35%. Cependant, ces chiffres devront ici aussi être analysés dans le futur, les effets de la perte d’immunité après deux doses pourraient rendre la réduction de risques conférée par le booster plus importante.

La troisième dose a donc toute son importance dans cette pandémie. Même si elle s'avère particulièrement importante pour les personnes âgées, c’est toute la population qui bénéfice de ce boost de protection.

Une occupation démesurée?

Ce n'était pas le cas il y a quelques semaines: au coeur de la 4ème vague, en nombres absolus, on enregistrait en soins intensifs un peu plus d'entrées de personnes vaccinées que de non-vaccinées. Au cours de la période du 22 novembre au 5 décembre, plus de 60% des entrées en soins intensifs concernaient des personnes vaccinées.

Mais cette tendance s'est inversée ces dernières semaines: ainsi, sur la période du 20 décembre au 2 janvier, les patients adultes non-vaccinés étaient largement majoritaires (54%) parmi les entrées aux soins intensifs, alors qu'ils ne représentent que 12% de la population adulte en Belgique: ils sont donc largement sur-représentés parmi ces unités.

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