Le manque de données scientifiques
Si l’idée d’un élargissement de la population cible de la dose "boost" est dans toutes les têtes depuis plusieurs semaines, certains estiment que les données disponibles ne penchent pas en faveur d’une telle décision.
C’est le cas du chef de la Taskforce vaccination qui a assuré le 23 octobre qu’"à ce stade, il n’y a aucune preuve scientifique que l’immunité diminue dans la population jeune et en bonne santé". Il plaide en faveur de "mesures simples qui ont déjà fait leurs preuves, comme le masque buccal et le Covid Safe Ticket".
Un constat partagé par le Conseil supérieur de la Santé, qui estime qu’il n’existe "aucune preuve" qui permet de justifier d’élargir la troisième dose à tous les Belges de plus de 12 ans.
Sur LN24, Yves Coppieters a estimé qu’il "ne faut pas faire de la troisième dose un automatisme".
L’arrivée de nouveaux vaccins
D’autres épidémiologistes estiment qu’il ne faut pas se ruer sur l’option de la troisième dose des vaccins actuels alors que les laboratoires pharmaceutiques travaillent sur des vaccins adaptés aux dernières mutations du virus.
Selon le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus en Belgique Yves Van Laethem, il "serait bête d’aller arroser tout le monde d’une 3e dose avec un 'vieux' vaccin" tandis que "des vaccins mieux ciblés sur les variants sont attendus pour le printemps prochain", a-t-il confié au Soir.
Au-delà de la simple adaptation des vaccins actuels, plusieurs nouveaux vaccins sont aussi attendus dans l’arsenal belge. C’est le cas de celui développé par la société française Sanofi qui repose sur la technologie des protéines recombinantes. Il génère une production de concentrations élevées d’anticorps neutralisants, "ce qui souligne le solide intérêt potentiel que représente son développement pour la vaccination de rappel", se réjouit le groupe pharmaceutique. Attendre son arrivée sur le marché pourrait donc être une bonne façon de maximiser l’efficacité de la dose de "boost".
Donner la priorité au programme Covax
L’argument éthique est brandi par les scientifiques à chaque fois qu’une extension du public cible des vaccins est évoquée. Et la troisième dose n’y échappe pas.
"La priorité absolue est maintenant de donner des vaccins aux pays où les opérations de vaccination sont moins avancées", a insisté Dirk Ramaekers, chef de la Taskforce vaccination. Il a précisé que la Belgique a déjà offert "environ trois millions de doses à Covax et il y en aura plus".
En d’autres termes, la troisième dose n'est pas une priorité et il est préférable qu’une plus grande partie de la population mondiale soit vaccinée plutôt qu’une petite minorité de la population des pays développés ait reçu trois doses de vaccin. Les semaines et mois à venir seront sans doute décisifs pour trancher d’un élargissement ou non.